En France...

Luis Rodriguez se currait le nez, attitude qu'il adoptait quand il était en proie à une angoisse. Cela faisait à présent plus d'une semaine qu'il n'avait plus de nouvelle d'Aaron Larrezabal, son ami basque qui devait rentrer, disait il avec un jeune couple japonais, maniant, selon ses dires, la musique d'une manière différente de la sienne.

Luis lui avait promit de les héberger malgrè la menace Yakuza qui semblait planer sur eux... Mais voilà qu'Aaron était parti pour le Japon et depuis, il n'avait plus aucune nouvelle... Luis, changea de narine...

Aaron avait toujours été d'une grande prudence et jamais il n'aurait laissé son ami sans nouvelle, à moins d'être mort ou recherché. Dans les deux cas, Luis se sentait responsable. Il ne pouvait laisser son ami seul face à l'adversité, ou du moins laisser sa tâche inaccomplie...

Luis se leva. Il devait faire quelque chose, mais quoi ? Il chercha un moment dans sa mémoire. Est ce qu'il devait y aller lui même ? Il prit sa guitare et commença à gratter les cordes. Un air doux et serein s'éleva. Non, il ne pouvait y aller lui-même, le temps de mettre tout en ordre autour de lui, lui prendrait un certain temps et l'intuition du musicien sentait l'urgence de la situation. Un de ses amis ? Non plus. Luis considérait ne pas avoir d'amis (à part Aaron qui lui avait sauvé la vie une fois et qui, bien plus important à ses yeux, avait eut la sensibilité de jouer les plus grands morceaux de musique avec le guitariste), des compagnons d'un temps au mieux mais personne à qui faire confiance... Les cultistes étaient tellement imprévisibles et volages... Quant aux autres, ils pourraient bien profiter de la situation en l'honneur de leur propre tradition !

Luis se laissa choir dans son fauteuil défoncé... Alors qui ? Une des cordes soudain se brisa dans un son de ressort et Luis tout à coup songea à quelqu'un... Il n'était pas de sa tradition, mais il ne relevait d'aucune tradition plus que de la sienne... Et il connaissait la musique, il comprendrait l'enjeu de cette histoire : Luc Béranger ! Ce petit étudiant avait déjà fait ses preuves et Luis lui faisait confiance...

Luis saisit son téléphone et composa le numéro du jeune homme. Il savait qu'Aaron avait laissé ses affaires à la consigne de l'aéroport de Mérignac dans le but d'aider ses réfugiés à s'établir en France. Il ignorait ce qu'il y avait, mais sûrement de quoi aider Luc dans ses recherches...

Alors que la tonalité résonnait dans son oreille, il se mordit la langue... *Les Yakuza quand même... N'est ce pas un peu trop dangereux pour lui ?*

Mais déjà, à l'autre bout, dans une petite chambre mansardée à la tapisserie fleurie, Luc décrochait son téléphone.

Luis Rodriguez : "- Allo ? Luc ? C'est Luis... hum... "

Ah oui, Luis avait horreur qu'on le dérange dans son petit train train quotidien et du coup, éprouvait une certaine gène à demander quoique ce soit. Mais le mentor reprit vite le dessus sur l'homme sensible qu'il était.

Luis Rodriguez : "- File à l'aéroport ! Prend le premier avion pour Tokyo et retrouve moi Aaron Larrezabal ! Et si tu peux pas, trouve moi les personnes qu'il étaient partis chercher ! Un billet t'attend au comptoir d'Air France ! Tttt tttt ! Pas de protestation ! Hop ! Allez t'es parti ! A la consigne numéro 1578 tu trouveras tout ce qu'il faut pour retrouver Aaron, après, j'en sais rien, mais c'est important ! Le code de la consigne, même numéro ! ... ... Quoi ? t'es pas encore parti ?" demandait la voix râleuse de Luis Rodriguez.

Et certain que Luc prendrait la bonne décision, c'est à dire qu'il se plierait à la volonté de son maître, il raccrocha et appela sur le champs Air France pour réserver un billet aller-retour Mérignac-Tokyo, avec escale à Paris au nom de Luc Béranger qu'il paya. Il laissa aussi un faire valoir de quelques milliers de Yens pour ses frais que le jeune mage trouverait avec son billet...

Luc raccrocha le téléphone et se gratta la tête à travers les cheveux en bataille qui lui couvraient presque les yeux. Il aimait bien Luis et il lui était reconnaissant de l'avoir guidé dans la voie de la tradition extatique, mais là, vraiment, il exagérait. Enfin... ce n'est pas comme s'il avait vraiment le choix. Et puis le Japon était un pays plus qu'interessant : il allait pouvoir en profiter pour s'initier au rock japonais, à la J-pop et à la musique religieuse. Il ne fallait pas qu'il oublie de téléphoner à son mentor Choriste pour lui demander s'il n'avait pas quelque connaissance qui pourrait l'aider dans ce dernier domaine.

Le jeune homme parcourut du regard son bureau encombré de livres d'aspect aussi hétéroclites que leur age, de partitions, de feuilles de notes griffonnées de son écriture ample et irrégulière. Tant pis ! sa thèse de musicologie devrait attendre !
Il se baissa pour farfouiller sous son lit et extirper la lourde valise en cuir qu'il réservait aux longs voyages. La couche de poussière qui la maculait témoignait que celà faisait maintenant un petit bout de temps qu'il n'était plus parti à l'étranger.
Des vêtements, quelques bouquins, des ustensiles de toilettes, un lecteur de CD portable et une douzaine de disques vinrent rapidement remplir le bagage, et Luc claqua le couvercle d'un air satisfait. Finalement, la perspective de ce voyage lui plaisait de plus en plus. Luis ne lui avait pas dit grand chose sur les tenants de sa "mission", mais le connaissant, il avait du la lui confier uniquement parce qu'il était trop flemmard pour la remplir lui-même. De plus, il connaissait déjà Aaron qu'il avait croisé plusieurs fois chez Luis.

Ses bagages faits, Luc s'attabla devant son petit ordinateur portable pour régler les derniers détails : quelques mails à son directeur de thèse et à son chef de chorale pour leur annoncer son absence (sans toutefois préciser la durée de son séjour), et à quelques amis, puis une vérification de l'horaire de l'avion car il ne faisait aucune confiance à Luis pour se remémorer correctement ce genre de choses. Il lui restait encore quelques heures avant l'heure d'embarquement. Parfait ! il aurait le temps de peaufiner sa sélection musicale sur son sempiternel Ipod. Il passa près d'une heure à remplir avec soin son précieux instrument, qui lui avait de nombreuses fois sauvé la vie. Il carressait depuis quelques mois l'idée d'améliorer magyquement le petit appareil, mais il s'y connaissait trop peu en électronique pour le faire lui-même. Il faudrait qu'il se dégotte un Adepte pour l'aider sur ce projet.

Enfin prêt, il glissa l'Ipod dans sa poche intérieure, les écouteurs autour de son cou, et, armé de sa valise et de la petite sacoche contenant son ordinateur, sortit de son appartement pour s'engouffrer dans un taxi direction Roissy.
Des vacances au frais de son mentor, quelle aubaine !

[HJ : Roissy ? Je croyais que Luc faisait ses études à Bordeaux ? L'aéropôrt de Bordeaux c'est Mérignac]

Luc arriva devant l'aéroport ultra moderne. Tout en vitres et acier, à l'intérieur il était spacieux et froid d'apparence. La lumière du jour y pénétrait adoucie.

Au comptoir d'Air France, un billet attendait bien Luc, destination : Tokyo - Japon. Et une enveloppe contenant une carte bancaire avec un papier de banque indiquant la somme disponible : 300 000 Yens, c'est à dire, environ 2000 euros. [Le premier qui va vérifier la valeur du yen il perd d'office 14 points d'expérience ! ]

Dans la consigne, en revanche, les découvertes de Luc sont assez décevantes. Il n'y a qu'un carnet avec à l'intérieur des notes sur la préparation du voyage d'Aaron.

Parti il y a 17 jours, il devait suivre le programme d'un voyage organisé qui faisait le tour de Tokyo, puis se déplaçait dans le reste du pays. A Tokyo, son hôtel était noté : L'Hôtel Chiyoda.
Sur la dernière page, un nom était griffoné : Contact : Akinari Satomi.

Rien de plus.

[HJ : bon, tu oublies le coup de Roissy (même si il est possible que Luc se soit installé à Paris après les évènements bordelais), et j'oublies le coup des yens (même si ça me démange ]

Luc fronca le nez devant la pauvreté des renseignements sur lesquels il allait devoir se baser pour retrouver ce pauvre Aaron. Il n'y avait même pas le nom des personnes qu'il devait retrouver, sauf s'il s'agissait de cette Satomi, ce dont il doutait vu l'appelation "contact" qui précédait le nom. C'était du Luis tout craché de lui mettre un puzzle pareil dans les pattes. Enfin... au moins il avait l'occasion de voyager un peu, cette fois ci.
Luc fila au gichet d'enregistrement des bagages, puis s'installa confortablement sur un des sièges de l'immense salle d'attente et sortit son ordinateur pour se brancher sur le net. Le plus simple pour commencer son "enquête", c'était certainement de prendre une chambre dans le même hotel qu'Aaron (si ce n'était pas un grand hôtel de luxe, ce dont il doutait fortement). Ensuite, il ferait une recherche sur le parcours organisé, et sur l'agence de voyage qui le proposait.
Avec un sourire en coin, il se dit que finalement, tout ça était bien mieux que des vacances. Il n'avait même pas de quoi s'ennuyer dans la salle d'attente.

recherches sur le web

• L'Hôtel Chiyoda: Hotel trois étoiles en partenaria avec Nipontour. Se situe dans la banlieue de Shibuya. Prix de la chambre en moyenne (hors tarifs comprit dans le voyage organisé) 60 yens.
  
  
• Aaron Larrezabal : Inscrit dans le tour "Soleil Levant".
  
  
• Tour "Soleil Levant" : Tour proposé par Nipontour. Comprend une visite de Tokyo, de ses monuments historiques, de ses banlieues (Shibuya ; Meguro ; Setagaya ; Suginami ; Nakano ; Toshima ; Bunkio ; Taito ; Chuo et Minato ) puis une semaine est prévue hors de Tokyo avec la visite d'une région par jour (1 - Presqu'île d'Oga - district de Tohoku(tout au nord de l'île) 2 - Nagano - district de Chubu (au centre) 3 - Nagoya - même district au sud 4 - Kyoto - district de Kinki ( au centre) 5 - Osaka - Même district 6 - Kobe - Même district 7 - Hiroshima district de Chugoku ( au sud) retour à Tokyo)
  Temps : 15 jours. Tarif : 1746,50 Yen - 998 Euro.( Comprend le logement et toutes les animations prévus dans la brochure, ne comprend pas les frais du client pour arriver à Tokyo )
  
  
• Nipontour : Agence de voyage spécialisée dans le tourisme japonais. Propose une palette étendue de tours différents à des prix différents. Soleil Levant se situe dans une tranche très résonnable sans être le meilleur marché. La compagnie existe depuis 1974 et affiche un chiffre d'affaire de 35.000.000 Yens...
  
  
  
• Akinari Satomi : Rien.

Le billet dans les mains, Luc le tourne et le retourne. Il s'agit d'un billet simple, classe économique avec réserve payée pour le retour. En gros, Luc devra faire lui-même sa réservation de vol, mais le billet qu'il a dans les mains lui permettra de ne pas avancer d'argent pour son retour. La limite de ce service est de un an.

Luc appelle le père Lantois. Malheureusement, le secrétaire du père Lantois lui apprend que son contact choriste est absent pour la journée : Il prépare un séminaire à Jérusalem...

Il raccroche son portable quand une annonce est faite dans la salle d'attente, invitant les passager pour Paris de se présenter à la porte n°46. Arrivé là, on lui demande de bien vouloir couper son téléphone portable et une charmante hôtesse l'accompagne jusqu'à son siège. Une heure après il est à Paris Roissy. Nouvel enregistrement... Nouvelle attente...

L'avion de Tokyo décolle à l'heure. Le vol se passe à peu près bien si on oublie les quelques perturbations qui ont secoué l'avion au dessus de la mer. Les trous d'air ont été si violents que les passagers ont un peu paniqué, puis ont applaudit les pilotes une fois sortis de là.

A l'attérissage, les passagers se précipitèrent sur leurs bagages, bien contents d'être sur Terre. Après avoir fait la queue, Luc récupèrent ses propres affaires et découvre Tokyo et son animation.

Un sourire de plus en plus large se dessina sur les lèvres de Luc à mesure que le taxi se rapprochait du coeur de la ville. La musique de Tokyo résonnait dans son esprit comme un orchestre d'un million d'instruments. Quelle différence avec la musique souple et tranquille de Bordeaux !
Il se laissa aller un moment, les yeux fermés, écoutant le rythme effréné de la mélodie de Tokyo, s'imprégnant de l'ambiance.
Au bout de trois bons quarts d'heure, le taxi le déposa enfin à la porte de l'hotel. Saisissant sa valise, il s'avanca d'un pas enthousiaste. Il allait déposer sa valise, poser quelques question sur Aaron au réceptionniste, et ensuite il aviserait.

L'hôtel Chiyoda, même s'il n'a rien d'un palace, se débrouille plutôt bien. Hall pas très grand mais agréablement décoré. On sent l'empreinte du Fen shui. Le style est pur et dépouillé, mais on s'y sent tout de suite à l'aise.

A gauche une salle à manger où les nappes rivalisent de blancheur. Le couvert est déjà mis, brillant. Là aussi quelques plantes vertes, une fontaine et vers la cour intérieur de l'immeuble, des stores de bambou se soulèvent paresseusement, laissant dévoiler un jardin asiatique traditionnel.

A droite, une porte est fermée, réservée au personnel. Au fond, un escaliers recouvert de moquette mène aux étages en s'enroulant sur lui-même. Juste en son centre, une cage d'ascenseur s'élève elle aussi vers les chambres.

Derrière le comptoir, un homme asiatique tiré à quatre épingles accueille Luc avec un grand sourire. Le réceptionniste parle un anglais impeccable et un français acceptable. Il donne sa clé à Luc et le guide vers sa chambre au troisième étage.

Le réceptionniste : " - Aaron Larrezabal ? Que monsieur pardonne moi. Je reçois plein de clients ici. Je ne pas me souvenir de tous les noms... Mais je regarde dans le registre et vous dit ce que je trouve. D'accord ?"

Il l'introduit dans une chambre aérée, la porte est coulissante. Les fenêtre aussi et opaques, faites dans une espèce de papier résistant. Elles s'ouvrent sur un balcon qui surplombe la rue. Le lit est sobre mais confortable. La pièce est spacieuse. En fait un peu trop, mais la découverte de futon dans le placard explique la place en trop. La salle de bain est propre, plutôt petite, mais elle aussi agréable. Le service est impeccable.

Le réceptionniste laisse Luc après lui avoir remis une clé qui en fait ressemble à une carte de crédit.

Luc se frotta les mains. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Bien sur, par choses sérieuses, il entendait aussi bien la mission que son mentor lui avait confié que son exploration du Japon. Par quoi allait-il bien pouvoir commencer ? aller voir quelques groupes de rock à Shinjuku ? aller flanner à Shibuya pour acheter de la musique ? hummmm... bon, et puis il allait falloir aussi caser dans son agenda une visite à Nippontour (avec deux P ;p). Il prit même pas le temps de ranger sa valise, la laissant sur son lit. Il vérifia son Ipod, enfonca les écouteurs blancs dans ses oreilles, passa sur ses épaules la courroie de la sacoche de son portable, et se dirigea vers la réception pour voir si l'employé pourrait lui fournir une piste supplémentaire.

L'employé leva les yeux vers son client et lui sourit, aimable :

Le réceptionniste : - "Ah monsieur Beuragé ! Je cherché les informations sur Monsieur Larrézapa ! Je trouvé quelque chose ! Monsieur Larrézapa a bien dormi ici. Il faire partie du tour Soleil Levant avec Nippontour ! Mais lui faire partie des blessés de le bus !"

Il invite Luc a s'asseoir et continue :

Le réceptionniste : - "Le bus a eut accident, il y a eut des blessés et un mort. Monsieur Larrézapa soigné à l'hopital de Chuo. Je rien savoir de plus... "

Il sort une carte de Tokyo et montre à Luc où se trouve l'hôpital en question.

Le visage de Luc se renfrogna. Il s'était attendu à tout, sauf à ça. Plus question d'aller vadrouiller dans les rues de Tokyo, à présent. Il allait lui falloir aller au plus vite à l'hopital. Il prit néanmoins le temps, assis dans un des fauteuils de la réception, de sortir son ordinateur portable et chercher dans les nouvelles les détails de l'accident. Le logiciel de traduction rendait les textes difficilement compréhensible, mais il devrait s'en contenter.

Une froide et désagréable sensation dans la nuque vint donner des frissons au jeune homme. Tout ça ne lui disait rien de bon. Il avait sérieusement cru jusque là qu'il retrouverait Aaron perdu dans une de ses dérives habituelles, mais il semblait qu'il avait été victime d'une attaque en règle ! Serrant le dents, il maudit Luis en silence. Il savait pourtant bien que Luc et la violence ne faisaient pas bon ménage et qu'il serait en facheuse posture si les choses venaient à se gater. Allons ! ce n'était pas le moment de perdre son sang-froid ! Il était vraisemblable qu'Aaron n'avait pas été la victime directe de l'attentat, sinon il ne serait pas allongé dans un lit d'hopital, mais au fond d'un cercueil, ou pire... Les voitures aux vitre fumées auraient pu évoquer la Technocratie, mais la méthode brutale et voyante était à l'encontre des méthodes sournoises et furtives qu'ils utilisaient habituellement. Et puis ils n'auraient pas laissés Aaron s'en tirer vivant. Ils l'auraient éliminé ou enlevé.
Cette dernière pensée rasséréna un peu Luc. La Tour d'Ivoire le rendait toujours excessivement nerveux. Il se revoyait encore dans cette pièce enfumée, percée uniquement par les lasers de visée rouge...
En tout cas, il était maintenant urgent d'aller retrouver Aaron au plus vite. Il hésita quelques secondes, puis sortit de l'hotel pour se diriger vers l'emplacement réservé aux taxis.

La suite par LA