Fondation troyenne de l'Ordre d'Hermes

Vendredi 14 octobre 2005, 23h17
Troyes (France),
Fondation de l’Ordre d’Hermes

La vieille bâtisse troyenne du XIXème siècle résonne sous les coups d’une pluie battante.
Quatre hommes, les traits fatigués et les vêtements crasseux, ont trouvé refuge dans une petite salle de réunion derrière la sombre bibliothèque privée du bâtiment. Une porte, fermée à clé, fait face à une grande fenêtre, sur laquelle on a tiré de lourds rideaux de velours vert. A droite en entrant, siège une vaste cheminée ancienne dans laquelle ronfle et craque un feu de bois puissant qui projette un spectacle de chaleur, d’ombres & de lumières dans toute la pièce.
Les compagnons sont assis sur des chaises droites en hêtre autour d’une lourde table de chêne richement sculpté.
Mathieu Defrat, le rebouteux auvergnat, se tient face à Yvan Moire, la porte à sa droite, face à la cheminée. Les flammes se reflètent dans ses yeux couleur de tempête. Il observe par en dessous, à sa manière inquiétante de ne jamais fixé les personnes droit dans les yeux, avec un regard pénétrant… inquisiteur.
Marc Aguier est à sa droite, dos à la porte en face de Luc Beranger.

Yvan Moire : - Permettez que j'expose calmement ce que je comprend de la situation ?

Mathieu Defrat : - Allez y Yvan.

Le professeur Moire, dans ses vêtements défraichis, a le teint pâle, la mine fatigué et un regard très las. Il laisse un silence avant de dire le plus calmement du monde avec une ironie teinté de cynisme :

Yvan Moire : - Je pense que je suis schyzophrène. Pour vous, je ne suis pas très sûr. Vous n'êtes peut-être qu'une illusion de mon esprit dérangé ou vous êtes tout simplement aussi fou que moi.

Il essaie un sourire, comme s'il avait sorti une blague dont il ne soit pas certain qu'elle soit drôle.

Aguier rend un sourire concilliant à Moire :

Professeur Aguier : - Nous avons tous eu un jour cette idée Yvan. La folie est l'explication la plus raisonnable bien sûr... mais pas forcement la meilleur. Vous, comme Mathieu, êtes ce que nous appelons, dans le jargon des mages, des orphelins. Vous n'avez pas été trouvé par un initié qui aurait pu vous reconnaître comme l'un des notres et vous suggérer que vos dons pouvaient être perçu autrement. Il vous a fallu comprendre seul, avec les connaissances à votre disposition et dans le paradygme rationnaliste étouffant de notre époque, le sens de votre différence. Mathieu a trouvé le sien et vous, vous venez de nous donner le votre. Si vous voulez nous comprendre, il faut que vous gardiez votre esprit ouvert tous les deux.

Le professeur pause un silence.

Luc étira lentement ses membres endoloris.

LUC BERANGER :- En tout cas, la première chose à faire est de vous convaincre que vous n'êtes pas fou. Quoiqu'on puisse en penser, ce n'est pas une étape aussi évidente qu'il n'y parait, surtout (et pardonnez moi de le formuler ainsi) à votre age. Plus on est jeune, plus on est à même d'accepter facilement que tout ce qui faisait la base de notre réalité s'avère en fait une vaste illusion. C'est pour ça que pour faciliter le processus, chacun doit mettre en place ce que le professeur Aguier appelle un paradigme, et qui lui est propre, pour ensuite s'en affranchir graduellement. Laissez moi vous donner un exemple concret : pour ma part, j'utilise la musique pour canaliser ma "magye". N'avez vous jamais entendu une symphonie qui vous transporte de joie et dont l'écoute vous laisse ragaillardi et plein d'énergie ? ou, au contraire, une complainte si triste qu'elle vous fait monter les larmes aux yeux ? Eh bien de même, si je veux susciter une émotion dans mon esprit ou dans celui d'un autre, j'utilise la musique pour la canaliser.

Une détonation retentit brusquement quelquepart dans le bâtiment.
Un silence inquiet tombe...

Yvan plonge sous la table.

Luc se fige, la paleur envahissant son visage. Il cherche nerveusement du regard les issues possibles à la pièce. Comme par réflexe, il place les écouteurs sur ses oreilles et sélectionne une ballade celtique sur l'Ipod. Son doigt reste crispé au dessus du bouton "Play", hésitant entre la musique qui va chasser la peur, et le silence qui l'avertira du danger qui s'annonce.
Il retient son souffle, dans l'expectative.

Yvan Moire commence à se lamenter :


Yvan Moire : - Mondieumondieumondieumondieu... Le pire... chuchote t-il, - c'est que je suis persuadé que c'est encore de ma faute ! En plus depuis que j'ai cette boule j'ai l'impression que ça empire !

Il se tortille les mains comme pour conjurer le mauvais sort qui s'acharne sur lui, surtout à présent qu'il vient de l'évoquer....

Mathieu se lève, attrape sa chaise et se dirige immédiatement vers la fenêtre. Il ouvre d'une main le rideau, prêt à fracasser la vitre de la fenêtre, avant de découvrir que l'issue est murée.

Il se retourne vers la porte.

De nouvelles détonations, des bruits de pas rapides, des coups étouffés contre le mur... puis à nouveau le silence.

Mathieu tend son esprit et son corps vers l'idée de fuir de ce piège.

Alors que dehors le remue ménage s'est calmé pour l'instant, Yvan est attiré par une lueur qui se dégage de son sac. Il l'ouvre et découvre la sphère qui brille à nouveau.

Yvan Moire : - " C'est pas possible !" chuchote t-il "Elle brille à chaque fois qu'il nous arrive quelque chose !"

Il la sort de son sac et la fait aller d'une main à l'autre. Il semble hypnotisé :

Yvan Moire : - " Je finirais par croire qu'elle nous préviens du danger si... Si je ne sentais pas à quelle point elle est maléfique !" et il la laisse retomber dans son sac. "C'est elle qui nous attire tous ces ennuis ! C'est pas moi !" dit il au bord des larmes comme s'il essayait de convaincre des juges.

La grosse porte de chaine éclate avec un bruit tonitruant. Des grenades roulent sur le plancher en crachant une fumée épaisse qui envahit la pièce.

Mathieu lache la chaise et renverse la table. Il inspire longuement et bloque sa respiration puis se baisse doucement pour se dissimuler derrière le rempart improvisé.

Le brouillard qui s'élève dans la salle révèlent un à un de fines lignes rouges qui cherchent des cibles.

Yvan réagit en deux temps. D'abord, s'apercevant que la table où il s'était caché vient d'être renversé, il se relève d'un coup d'un seul mouvement de surprise, ensuite, réagissant par réflexe il se jette aux cotés de Mathieu.

Yvan Moire : - "Non ! Pas encore eux !"s'exclame t-il d'un air désolé.

Autour d'eux, étrangement la fumée s'écarte, elle semble atirée par des courant d'air contraire et ne s'approche pas d'Yvan(entropie 3). Lui et ceux qui l'entoure en sont donc protégés momentannémant, sa maîtrise de la magie étant totalement inconsciente...

Le doigt de Luc se crispe sur son Ipod, déclenchant un flot de musique dans ses oreilles qui couvre un peu le tumulte de la pièce. C'est la musique qui illustre la bataille du gouffre de Helm dans le film du Seigneur des Anneaux. Luc sent l'adrénaline affluer dans ses veines, la peur refluer, sa concentration au maximum, malgré ses yeux qui pleurent Très vite, la musique semble circuler dans ses veines, comme un torrent de lumière illuminant son corps et son esprit. La peur et la confusion sont maintenant totalement parties, ne laissant derrière elle que le calme et l'analyse froide de la situation. Sa vision, toujours embrouillée par la fumée acre des grenades, n'est en tout cas plus embuée par les larmes, et l'irritation de ses poumons a fait simplement place à la désagréable puanteur du gaz.
La situation lui semble plus que critique : la seule issue est bloquée, impossible de dénombrer les adversaires qui viennent de pénétrer dans la pièce ni de quel armement ils disposent.
Il se rapproche vivement de ses compagnons, espérant que l'un d'eux aura une idée pour se sortir de ce mauvais pas.

Le professeur Aguier, pendant tout ce temps est resté paralysé. Ce n'est pas un homme d'action, il ne sait que faire, que penser...

C'est Matthieu qui le sort de son mutisme en faisant tomber la table. Il le regarde faire et la porte s'éffondre. Les deux autres ont rejoint Matthieu derrière leur abri de fortune...

Des faisceaux rouge commencent à percer la fumée qui entre en volutes, explose à quelques centimètres de ses pieds. Marc Aguier défaille... Mais alors qu'il allait perdre pied, une vive chaleur dans son coeur le réveille de ce rêve affreux. *Réagir !*

Avec une dextérité toute anormale, il évite chaque faisceaux, et rejoint les autres calmement. Il s'accroupit et dit d'une voix méconnaissable :

Professeur Marc Aguier : " - Voilà qui est embétant... Peut-être pourriez vous les leurrer ? Messieurs ? Je pourrais soutenir votre illusion en manipulant la fumée ?"

Mathieu, assis dos contre la table renversée, baisse la tête comme en proie au découragement.

Aguier a écrit:

- Voilà qui est embêtant...

Le jeune homme lève doucement sa figure hâve, se tourne vers le professeur sans néanmoins le regarder directement et raille avec un rictus ironique :

- En effet.

Aguier a écrit:

Peut-être pourriez vous les leurrer ? Messieurs ? Je pourrais soutenir votre illusion en manipulant la fumée ?"

Le sourire sardonique du sorcier auvergnat s'allonge.

- Faites. Je vous en prie.

Ivan tourne la tête vers Mathieu. Ses yeux expriment la surprise et la protestation à la fois. Sa voix pleurnicharde (hj : Si Raf voyait ce que j'ai fait de son petit personnage lol...) s'élève alors, stressée et tendue comme une corde à linge.

Ivan Moire : " - Peut-être as tu une meilleure idée ? ... Ou peut-être souhaites tu que nous nous fassions prendre ?!" ajoute t-il soupçonneux tout à coup.

Mathieu met sa main sur l’épaule d’Yvan, plonge son regard étrange dans les yeux de l’universitaire et dit d’une voix aux accents inconnues :

- Tout va bien se passer.

Yvan est bien forcé de le croire.
Le jeune auvergnat se lève alors. Les lasers de visée perçant le brouillard des fumigènes de traits lumineux fins rouges se groupent sur lui. Il lance alors tout haut :

- A coté de toi, il est armé.

Les points rouges disparaissent et plusieurs coups de feu retentissent.

S'offusquant de la réplique de Mathieu, le professeur se referme comme une huïtre, buté et croise les bras. Mais quand Mathieu se lève et commence à semer la panique dans les camps adverses, Le professeur rouspétant, se lève à son tour et commence à manipuler la fumée afin de provoquer des "mirages" (forces Lumière et gravité) pour appuyer la panique provoquée par Mathieu...

Des gens apparaissent dans la fumée, courent, s'enfuient, passent entre les lumières rouges alors que les coups de feux éclatent...

Luc, malgré le charme initié par la musique qui lui emplit les oreilles, se trouve très mal à l'aise. Manipuler l'environnement extérieur lui est impossible, et il n'ose pas utiliser son chant pour aider ses amis, de peur que celui-ci ne les fasse repérer.
Il doit donc se contenter, tout en jetant de tout coté des regards scrutateurs, de suivre de très près ses trois compagnons au milieu du chaos régnant dans la pièce.

Ivan se sentit tout à coup résséréné, comme si il avait toujours eut confiance dans les trois mages qui, près de lui, agissaient chacun à sa manière. Il sourit. Oui, bien sûr ! Tout allait bien se passer ! Il ouvrit son sac tandis que les détonations explosaient à ses oreilles et sortit la sphère. Elle palpitait de joie.

*De joie ? Et pourquoi de joie ?! Oh ! Je vois ! C'est toi qui les a amenés jusqu'ici hein ? Maudite ! Depuis que je t'ai trouvé tu n'as déclenché que des catastrophes ! Parce que c'est toi ? Hein ?! C'est pas le tombeau comme on l'a tous crut !*

Ce n'était peut-être pas le moement de se préoccuper de l'annulation de ses effets, mais les autres sauraient bien se débrouiller sans lui ! Il en était tellement sûr, à présent ! Il réfléchit donc, les yeux perdus dans la brumes des gaz qui décidément ne voulaient pas l'approcher...

Ivan Moire : " - Ah ah !"

Dit il tout haut sous l'implusion d'une idée. Il ouvrit à nouveau son sac. *La calcite, c'est du calcaire et je me demande ce qu'elle va dire si je lui verse un peu d'acide chloridrique... * Ce qu'il fit à quatre pattes. La sphère changea de couleur comme si elle se mettait vraiment en colère tandis qu'une petite fumée acre s'élevait de son contact avec l'acide. Mais le résultat ne fut pas probant. Elle était intecte. Ivan gromela.

S'ils voulaient être tranquilles, il devait trouver le moyen de se sortir de là mais aussi de détruire la chose qui leur attirer tant d'ennuis et tout de suite. Il se rassit et recommença à réfléchir. C'est qu'il n'avait pas tout son attirail de chimiste avec lui !

Mathieu s'élance et se colle contre le mur à coté de la porte. Il ne fait aucun cas du brouillard lacymogène. Il jette un coup d'oeil dans le couloir avant de se jeter hors de la pièce.

Des coups de feu retentissent à nouveau suivi d'un long silence...

Voyant Matthieu disparaître dans la fumée, le professeur Marc Aguier grommelle :

Professeur Marc Aguier : "Le traître ! Il nous a abandonné !"

Puis, se souvenant qu'il n'est pas tout seul mais qu'il a deux autres petits jeunes sous sa responsabilité de professeur, il s'adresse à Luc et Yvan :

Professeur Marc Aguier : "Il faut le suivre ! Yvan ! Luc ! A quatre pattes ! Je vous suis ! Je vais tenter de maintenir des mirages qui feront diversion !"

Ivan rassemble les affaires qu'il a éparpillé autour de son sac et déglutit. Il veut bien avoir une très grande confiance dans les autres, mais là, il va falloir passer entre les jambes des soldats !

Mort de peur, il ouvre la marche à quatre pattes ordonnée par le professeur Aguier... C'est son supérieur, il doit savoir quoi faire !

*Mondieumondieumondieu ! Faites qu'ils ne se rendent compte de rien ! Je vous en priiiiiie....*

Et bizarrement, c'est ce qu'il se passa : Frolant les jambes des militaires, aucun d'eux ne réalisa ce qui lui passait à coté des chevilles. A son tour, il disparut dans le couloir...

Dans le couloir, sous le brouillard des fumigènes, un corps désarticulé git sur le sol : l'épais gilet pare-balle et le casque des forces d'intervention n'ont pas protégé l'homme cagoulé de l'attaque frénétique du jeune auvergnat qui ne laisse de son passage qu'une issue de secours grande ouverte sur la rue.

Routine "Le Galipote ou Loup-garou auvergnat" : certains sorciers auvergnats connaissent l'ancien mystère capable de réveiller la bête qui sommeille chez les rares desendants du peuple des mégalithes (les aedunas). Caché dans la peau d'un individu trop souvent quelconque, le galipote passe inapperçu dans une société humaine mais lorsqu'il entre en crise, qui peut être provoqué par une transe, ses yeux deviennent alors deux océans en furie qui injectent un froid liquide dans le sang et les os de la pauvre créature devenue la proie du monstre. La pauvre chose n'aura alors que peu de temps pour découvrir avec horreur l'homme s'étirant pour atteindre une taille allant jusqu'à deux mètres, ses muscles devenant saillant, roulant sous sa peau, et sa mâchoire se décrochant littéralement pour laisser apparaître ses carnassières. L'attaque sera alors rapide et brutal, proche des postures de combat des grands singes. La victime finira sa vie les os brisé avant d'être souvent dévoré intégralement. Prédateur, le galipote a les sens d'un feral qui lui permet de traquer ses proies à mort. En crise ou en transe, le sorcier est habité d'une rage et d'une faim aliénantes : il a beaucoup de mal à différencier les siens de ses ennemis et plus encore à s'arrêter de tuer. (Psyché 3/ Vie 3)