Quittie-Ange Farfadel

Quittie-Ange Farfadel

Mes doigts caresse la glaise, lui donnant la forme d'une jarre. Tourne, tourne, mon beau métier, entraîne une fois de plus ma mémoire dans un lointain passé...
Mes pas m'entraînent sur une période qu'aucun mortel n'a le pouvoir de se remémorer. Mais moi, je ne suis plus une mortelle. J'ai l'habitude de remonter les histoires jusqu'à leur origines, la mienne y compris.


Mon nom était Quentin d'Anguedfoy. Je vivais sous Vortigern, l'Usurpateur. (le chef gallois du V ème siècle, ancien sénéchal qui prit le pouvoir en Grande Bretagne à la mort du Roi Constant et chercha, dans la légende, à se débarrasser de l'héritier légitime, Uter Pendragon
Celui qui voulu immolé Merlin, alors enfant, pour construire une tour qui s'effondrait sans cesse )J'étais un noble,(l'un était vassal de l'autre, quelques soient ses opinions) guerrier et aimant les sciences, je m'adonnais à l'alchimie. (Merlin dès son enfance, perçut en Daguedfoy l'un de ses futurs élèves et lâcha quelques paroles sibyllines sur le sujet du genre : "Il viendra le temps où elle m'appellera maître !") Jusqu'au jour où je découvrit toute l'étendue de mon erreur. J'avais cru en cette science, et je découvrais qu'elle n'en était pas une. Ou plutôt qu'elle en cachait une autre, une qui s'adressait à l'âme !
Mes yeux s'ouvrirent alors sur un monde tissé de mille correspondances où les hasards ne se révélaient être qu'une légende pour les ignorants. Je m'enfermais alors au milieu de mes calculs,(cabalistiques et ésotériques... Mon perso entre pour la première fois en contact avec les secrets de l'entropie...) oublieux de manger ou de dormir, vivant dans un état tel de concentration extrême, que j'en oubliais les jours et les nuits qui passaient inexorablement, conduisant mon corps vers un état de faiblesse extrême où seule la mort m'attendait. Et, loin de parvenir à tout comprendre de ce monde, je m'éteignais un jour, (J'ai imaginé un avatar libéré grâce à l'éveil et incontrôlable, trop fort, beaucoup trop fort pour son véhicule... Résultat, l'avatar pousse son hôte à la mort en l'obligeant à ne travailler que pour lui. Quentin meurt de fatigue, de faim et de soif... )au fond de ma cave sombre, dans une aube blafarde que je ne vis qu'une fois mort.


Mais je revins ! Décidée, cette fois à comprendre ! Comment aurais je pût deviner que toutes mes connaissances acquises s'envoleraient avec ce nouveau départ ? Pourtant, il semblerait que mon éveil précédent eut une influence sur cette vie ci. En effet, la petite fille que j'étais, compris très vite le sens des sortilèges qui l'entourait. Elle vit son père violer sa mère, vit l'enfant qu'elle mit au monde, le haït au premier regard, lui qui prenait toute l'attention de ses parents, l'héritier... Et moi, qu'une fille !
(J'ai laissé l'époque dans le vague parce que tout ce que raconte Quittie-Ange sont ses propres souvenirs, certains très clairs, d'autres plus vagues... Celui là fait partie des vagues... Probablement parce que son inconscient refuse de donner trop de détail à cette époque où son orgueil et sa soif de pouvoir la perdit, le ridicule ne tue pas, mais il peut être un vrai traumatisme, et la mort par orgueil peut réveiller la honte... (Maintenant, j'ai imaginé qu'elle fut Morgane... Seulement, Quittie l'ignore),
Mais c'est sans compter sur l'intelligence qui bouillait dans mon jeune cerveau. Un jour, un homme d'un certain âge vint au château, il se disait magicien, (Merlin...) il amusa les foules, et après le spectacle j'obtins de lui qu'il m'enseigna quelques tours. Son visage exprima une surprise que je n'oubliais pas de sitôt, flattant mon orgueil naissant, car l'homme vit que j'avais des facilités. Il désira m'enseigner plus sérieusement son art, et c'est avec avidité que je lui aspirait tout son savoir. J'en devins la plus puissante enchanteresse du pays... Si puissante ! Et si folle ! J'en voulais encore et toujours, tant et si bien que la magie me tua ! Le plus bêtement du monde. Une simple erreur... (Une expérience pour obtenir la jeunesse éternelle... Elle échoua et dessécha Morgane-Quittie en quelques secondes, la faisant passer de vie à trépas)


Et je revins une troisième fois, mais cette fois là, le destin devait me punir de mon orgueil précédent. Il fallut que j'attende plus de 900 ans avant que mon âme blessée, humiliée ne réinvestisse un nouveau corps ! (Là aussi la précision est très floue, peut-être est ce que le temps entre Morgane et Quittie-Ange a t-il été plus long, d'autres incarnations ont peut-être eu lieu, rien n'est défini) Et me voici, Quittie-Ange Farfadel, jeune aristocrate née dans une banlieue huppée de Paris en 1827. A nouveau, il fallut que je retrouve le chemin de l'éveil et je l'acquis à l'âge de 17 ans. Encore une fois, mon sexe me trahit, et m'apporta de même la plus grande des richesse. Mes parents m'inscrivirent à l'école catholique pour jeune-fille Sainte Immaculée Conception (Je pense que cette institution abritait des Septariens.), dirigée par la mère supérieure Béatrice. Je passait là mes premières années d'adolescence, et choisit la voie de Dieu. Sœur Béatrice s'occupa personnellement de mon cas, à mon grand contentement, et ma grande stupéfaction. Mais je compris bien plus tard qu'elle avait sentie chez moi les prédispositions nécessaires à une carrière de guerrière de Dieu. Ainsi, je fut introduite au sein du Chœur Céleste, où je subit une initiation qui m'ouvrit une fois de plus les yeux...
Malheureusement, il semblerait que mes dons ont progressivement perturbé cette tradition honorable. Bien que la sphère de magie préférée de cet ordre me soit abordable, la nature voulu que je ne puisse en concevoir toute l'étendue. Devant la stagnation de mes progrès, Soeur Béatrice commença à s'inquiéter, surtout que mon caractère volage me conduisait inexorablement vers des voies défendues de Dieu. Ainsi, je fut surprise un jour à lire les livres interdits de la bibliothèque de mon ordre.(Paris, de ses 13 ans à ses 23 ans. Initiation à 17. 3 ans de lectures interdites. Ésotérisme en tout genre, sphère d'entropie surtout, de prime mais avec une utilisation différente de ce que l'ordre enseigne, et vie à des fins non curative. Pas eu le temps de voir le reste... ) Pendant les trois années précédentes je m'étais délectée de leur savoir, plus accessible à mes sens. Je détournais de manière bien involontaire mais si utilement les enseignements de mon mentor jusqu'au jour où je tuais un homme. (Avec la sphère de Prime, d'où le coté impardonnable de mon acte, de la part du Chœur...) Oh bien sûr je ne l'avais pas voulu, et l'homme en question essayait de dérober la divine virginité que j'avais promise à Jésus. Mais cet homme était mort et je fut condamnée pour cela à être emmurée vivante dans une petite cellule, sans le moindre accès au monde. (On a essayé de l'enterrer vive comme ça se faisait encore à l'époque, emmuré dans une cellule, au pain sec et à l'eau (voeu de réclusion), jusqu'à la Quiétude.) Je m'enfuis, loin de mon ordre. Celui ci doit toujours me rechercher. (Et depuis elle est certainement traquée par les chanteurs de son ordre et leur descendant spirituelle)

Ainsi commença ma nouvelle vie. Forte des enseignements publiques et obscurs de l'église, affaiblie par mon opprobre, forte de mes propres conceptions de l'art secret, et affaiblie par ma solitude devant ce monde dont j'avais été préservée tant d'années. J'essayais de trouver une place au sein de ma famille, mais elle m'avait oubliée, et ce dont elle se souvenait de moi était cette lettre insultante annonçant ma désertion. Cependant, j'eu la chance d'avoir un cousin homme de loi, qui toujours eu, enfant, un faible pour moi. Il se débrouilla pour m'obtenir un bout d'héritage, ignoré de tous, qui apaisa tout le monde. Une petite villa, perdue dans les rocailles méditerranéenne, dont la position m'éloignait définitivement de toute scène mondaine où j'aurais put transmettre mon déshonneur à toute ma famille, et où je put me cacher.
Cette solitude me convint parfaitement. Je vivais de peu, et approfondis mon art au point de ne plus ressentir les affres du temps. (elle l'obtins ce don à force d'étude sur la sphère de Vie. C'est un don récent. Elle a 27 ans quand elle réussit à arrêter les désastres du temps sur son corps). Ainsi, plusieurs dizaines d'années, j'étudiais.
1914... La guerre, la grande guerre éclata. Bombardements et mort se répandirent dans ma quiétude. Cela dura 4 longues années, et en janvier 1918, ma maison éclata sous un tir d'obus, et je fus grièvement blessée. Des soldats français vinrent me libérer de mes décombres, et lorsque je repris connaissance sous les soins d'un jeune médecin inexpérimenté et maladroit, naïvement, je crus pouvoir me soigner seule. Ce jour là, je découvrit l'étendue du contre pouvoir des hommes ! Et c'est seulement après de longs mois que je put enfin remarcher, mais il me fallut bien plus longtemps pour me soigner d'une autre blessure bien plus profonde, et plus grave, lovée comme un serpent au fond de mes tripes. (Le paradoxe, bien sur... Elle subit une forme de quiétude interne. une quiétude de type clarté (stase) peuplé d'obsessions complètes et d'incapacités à appréhender le changement. En effet, Quittie-Ange a déjà 91 ans si je comprends bien. Sa longévité et sa jouvence est déjà un paradoxe suffisant pour justifier la quiétude.
On peut d'ailleurs reconnaître d'autres périodes de quiétude dans ton texte et imaginer que c'est le prix à payer pour l'immortalité et des étapes obligatoires pour comprendre les époques qui défilent (comme chez les vampires d'ailleurs). Et je n'avais plus rien...

Je errais seule et perdue dans des rues dont les façades m'étaient inconnues. Revenant régulièrement au refuge qui m'avait gardé lors de ma convalescence. J'aidais alors cette petite fille, donnait un peu à ce vieil homme... Je finit par être embauchée comme infirmière. Mes talents de guérison étaient loués par tout le service. On finit par me confier les cas les plus incertains, les plus graves, les plus préoccupant. Dès qu'un chirurgien n'était pas sûr de lui, il faisait appel à moi, je fut surnommée "la muse"... Il semblait à tous que je porta chance à tous les pauvres bougres qui m'approchaient.
Puis, la guerre finit. Cependant, un des chirurgiens me proposa de continuer ma carrière à ses cotés dans un grand hôpital de Marseille. J'acceptais. Mais je dut les laisser, lui qui était devenu mon amant, et l'hôpital, au bout d'une nouvelle dizaines d'années, afin de camoufler à tous mon don prodigieux : Je ne vieillissais pas...
J'avais alors décidé de consacrer mes économies à l'achat d'un nouveau domicile... J'en profitais pour revenir vers Paris. Aucun des gens que je connaissais avant ne devaient avoir survécut à un siècle. Peu de chance donc d'être démasquée. La guerre avait mis un tel bazar dans l'administration que je put devenir propriétaire, sous un faux nom, avec une fausse date de naissance, et toutes sortes de détails qui auraient put être gênant. J'en profitais même pour, en prévision de l'avenir, déclarer la naissance d'une Quittie-Ange Farfadel, née le 17 novembre 1929, à Paris, de Quiterie Farfadel et de père inconnu... J'avais bien remarqué l'importance que prenaient peu à peu ces bouts de papier, et espérais que leur valeur perdrait un peu au cours des prochaines années, ou qu'un nouveau bouleversement m'aiderait à justifier mon identité... Ce problème me taraudait, et je me promis de trouver une solution dès que possible...
Ainsi je vécue à Paris, paisiblement, retirée du monde au cœur même du monde... Et puis, les Allemands débarquèrent et investirent la ville... Au début, je m'en souciais peu, mais les raffles de plus en plus fréquentes m'obligèrent à sortir de ma tanière. J'intervins comme je put, et malheureusement peu. J'étais sans arrêt freinée par la contre magie des hommes, plus puissante encore que lors de mon dernier souvenir... Chose étonnante, bien que les gens que j'aidais m'opposassent cette résistance aberrante, elle était de nature moins importante que celle que m'opposait nos ennemis...

Mes agissements furent répétés auprès de la résistance française qui me contacta secrètement et me proposa de les rejoindre... J'acceptais... Mais en 1944, le réseau dont je faisais partie fut cerné, emprisonné et exécuté... Je fut poursuivie, pourchassée, recherchée, et je me retrouvais à nouveau sur les bords de la méditerranée... J'avais encore une fois tout perdu... Mais j'eu cette nouvelle révélation : Si je n'avais put aider mes amis, mes alliés, ces pauvres gens, toutes les personnes que j'avais perdu à cause de cette contre magie, c'est parce que je ne l'avais pas utilisée intelligemment ! "Souviens toi ! Quittie, me dis je, à l'hôpital, je n'avais aucun mal à aider les gens !" J'avais essayé de forcer la réalité, mais elle avait refusée mes agencements... Mais pas à l'hôpital ! A l'hôpital, j'avais une espèce de couverture ! Mes agissements semblaient normaux, et personne ne m'a contredite... Je m'en voulut longtemps de ne pas avoir compris ça avant ! Dans les murs de l'ordre, les gens venaient recevoir un miracle de Dieu, mais ici, dehors, je n'avais aucune légitimité, ce qui expliquait l'impuissance de mes dons pourtant bien réels !
Je m'enterrais dans une petite cabane, oubliée de tous, loin de tout, et pleurais amèrement toutes les pertes que j'avais subies à cause de ma stupidité, de mon orgueil, de mon manque de clairvoyance... Et là, je vivais de presque rien, mes dons m'assurant de survivre même à de longs mois de famine, sans en ressentir le moindre désagrément...

Quittie-Ange Farfadel revint dans le monde des vivants à l'âge e 25 ans un jour de mai 1954. Je fut embauchée comme blanchisseuse dans un quartier de Perpignan, ce qui m'assura de pouvoir me payer un toit décent... Je tentais à nouveau la supercherie du bébé imaginaire du nom de Quiterie Farfadel, fille de Quittie-Ange Farfadel et de père inconnu... Mais là, déjà l'opération fut plus délicate, et je fut bien heureuse d'avoir saisie la subtilité de mon art pour esquiver la contre-magie des hommes, ainsi que d'avoir, 25 ans plus tôt, commencé à me forger une identité future...

Mes péripéties devinrent quotidiennes, sans envergures... Je commençais aussi à m'ennuyer... Le monde me paraissait bien plus étrange encore, et je me sentais de plus en plus décalée. Les gens se rendaient compte que ma façon de parler était aristocrate, ils se montraient de plus en plus étonnés des expressions que j'utilisais... Et peu à peu, une espèce de fossé entre eux et moi, m'obligea à changer encore une fois d'endroit. Je me sentais de plus en plus seule. J'arrivais même à me convaincre qu'il me fallait mourir. La mélancolie s'empara de moi. L'inactivité, l'inutilité me pesait comme un poids. Et cette France enfoncée dans le plastique, les produit ménagers et la télévision me donnait la nausée... Repartir dans une période de solitude, exilée du monde, me rendait malade... Je tournais en rond, et rien, semblait il ne devait me sortir de cette situation... Pourtant, il m'aurait simplement fallut que je croise le chemin d'un de mes semblables... Il devait bien en exister quelques uns en dehors du Chœur Céleste !

Je partais sur cette trace, l'espoir au cœur. Une quête s'était faite jour en moi... Des semblables... A nouveau, j'exécutais cet exercice difficile de remonter un fil de la tapisserie qui m'entourait. Exercice ô combien ardu, car nombre de nœuds, nombre de chemins différents s'offraient à moi... Ma quête me fit faire un long voyage, m'aidant de racontars, d'histoire à dormir debout, de légendes... Toutes les traces que je remontais étaient éteintes, voir froides depuis bien longtemps, mais me confortaient dans ma certitude : D'autres comme moi existaient !

C'est en 1989, alors que j'étais encore Quiterie Farfadel, née en 54 à Perpignan, mère d'une petite fille de 10 ans, imaginaire, du nom de Quittie-Ange Farfadel, qui me posa nombre de difficulté avec les services de l'enfance, que je découvrais Mychelle Andréas. Femme taciturne d'une trentaine d'année, elle fut, pour moi, la clef de mon existence actuelle. Il me fallut plusieurs années pour obtenir sa confiance. Elle apprécia entre autre que je lui offre une jeunesse plus longue, et m'offrit en échange quelques unes de ses connaissances surprenantes... Elle maîtrise une espèce d'accès à un monde parallèle, visitant ainsi des aspects du monde occulté à la plupart des gens.
Enfin, un jour, elle me présenta à quelques uns de ses amis: Une asiatique du nom de Wu Ling, et un homme au regard obscur, appelé simplement Geo. Enfin, elle me dit que tous appartenaient à une fondation, du nom de "Ychis Sperata ". Très jeune, d'après eux, à peine une dizaine d'années... En formation, à la recherche incessante de nouveaux membres, et qu'enfin, ils m'ouvraient les bras... "Enfin ? Ychis Sperata m'attendait ?" Mychelle sourit de manière très énigmatique, et je ne sut jamais ce que voulut dire ce sourire.
Mes dons multiples et variés me donnèrent un poste tout choisi : Je devait créer des artefacts, des objets magiques, qui seraient ensuite distribués dans le monde, un jour achetés par des gens normaux, petit grain de sable dans la machination diabolique d'un ennemi très puissant, qui peu à peu affaiblissait nos dons : La technocratie !



Aujourd'hui, je fais tourner mon beau métier, peu à peu la jarre prend forme et émerveillera un esprit crédule... Peu à peu, je glisse moi aussi dans ma jarre un peu de mon être... Et j'aperçois bien les chemins qui m'ont menée jusqu'à Ychis Sperata... Quelle chance j'ai eu de les trouver... Quelle chance?... (Sourire énigmatique...) "Oui, quelle chance !" dis je tout haut d'un ton ironique...


(C'est Quittie-Ange qui parle, qui raconte, mais c'est son avatar qui se souvient. En parti, car il est censuré par l'inconscient de Quittie. Cet avatar a subit deux gros échecs : Il a été trop pressé, il a tué son hôte ; il a été trop gourmand, il a tué son hôte. Aujourd'hui, il est prudent. Il transmet ce savoir à son hôte afin qu'elle progresse vite, mais se laisse censurer par précaution, car il a compris que son hôte ne pourrait supporter toute la vérité. Il lui laisse du temps. "Mais il faut, il faut, pourrait il dire, il faut que je sache tout, que je maîtrise tout !" Pour cela il a poussé son hôte à devenir immortelle, afin d'avoir tout le temps dont il pourrait avoir besoin, et le guide sur les chemins du savoir, jusqu'à le torturer si elle n'apprend plus (cf. passage de la nostalgie)

Compétences, capacités et connaissances...

La première vie antérieure décrite, Sir Quentin d'Anguedfoy, n'offre aucune compétence au personnage de Quittie-Ange Farfadel. Cependant, il offre une série de penchants et de facilités sur certaines compétences. Ainsi, on sait qu'il a été seigneur vassal de Vortigern. Quittie-Ange n'a jamais fait d'équitation, mais si elle s'y penchait, elle aurait des facilités d'apprentissage, dans les limites des connaissances de l'époque.

Équitation
Langue galloise
Combat à l'épée
et autres pratiques de combat de l'époque.
Héraldique
Alchimie
Minéralogie
Cabale
Occultisme
Stratégie
Commandement
Ésotérisme
Entropie

Le second souvenir de vie antérieur tombe sur Morgane. A nouveau, fille de la noblesse. Là encore les compétences de cette vie sont oubliées, mais là encore offre des facilités d'apprentissages et des penchants...

Certains cités précédemment,
Conn. du petit peuple, arcadie ? je ne sais pas trop comment nommer ça
Conn. druidique ?
Conn. des rites
Herboristerie (Phytothérapie poison autre)
Chimie
Négociation
manipulation
Esprit
Temps
affinité avec les fées
Vie

Et puis, elle revint encore lors d'une très longue vie de 179 ans, pour l'instant, où plusieurs vies se sont succédées :

L'aristocrate : de 0 à 17 ans.
Éducation de bonne famille : lecture écriture broderie ce genre de choses, peut être la façon de gérer les domestiques, la tenue de la maison, les rites chrétiens, la pratique religieuse, quoi... langue française approfondie, latin, mathématiques, littérature permise, chant, histoire, géographie... le genre de chose qu'on apprends dans les écoles catholiques de jeunes filles.

La novice : de 17 à 23 ans
Théologie, Prime, Vie, Psyché, puis Entropie, Temps, Ésotérisme, Cabale, (ruse, vigilance, furtivité) Chants sacrés, (Psychologie ?), Rites païens, rites du Chœur, + toutes sortes de corvées, je suppose, cuisine, ménage, etc... (Enigme ?), Méditation, grec, araméen, hebreu, anglais,...

La fugitive : de23 à 91 ans
Grosse période pendant laquelle elle se cache dans la villa méditerranéenne.
Approfondissement des sphères de vie et d'entropie, découverte du serpent d'entropie(figure non négative, nécessaire, serpent de lumière) et extraction. Jeunesse éternelle.(27 ans) Seule, elle observe le monde. S'en détache de manière évidente : Il change, pas elle. Elle cherche des réponses dans ce qui l'entoure. Ornithologie, minéralogie, botanique, elle se penche sur les effets des plantes(phytothérapie, poison, autre) Puis elle agit sur le monde : Pistage, chasse, pèche, approfondissement de sa furtivité, sa vigilance, s'initie à la vente, (vend les produits de sa chasse et de sa pèche, peut-être, mais surtout quelques potions médicinales.)Elle n'apparaît que sur le marché une fois par semaine. Nul ne sait d'où elle vient. (Elle a put acquérir une certaine notoriété avec ses potions, au moins, mais prétend qu'elle les a achetées à un guérisseur vivant loin d'ici.) avec ces ressources, elle s'approvisionne pour la semaine, et s'approvisionne aussi en livres, journaux. Peu à peu elle refait surface dans le monde, mais son retard et ses lacunes en la matière la retardent dans sa remise au goût du jour. Constitution d'une jolie bibliothèque de livres "profanes" (non magique)Auteurs préférés : Balzac, Darwin, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Gérard de Nerval, Edmond Rostand, Georges Sand, Jules Verne, Edgar Allan Poe...
Natation(dans une crique à l'abri des regards, eau bleu cobalt et verte émeraude, son lieu de pèche), marche longue et pénible(chasse pèche, natation, marché, dans les rocailles du coin), sa conscience s'aiguise, premiers effets d'Esprit, réminiscences inconscientes accompagnant les explorations des souvenirs (temps/psyché), découverte des vies antérieures. Achat d'un métier de potier. (Qui la suivra jusqu'à Ychis Sperata). Solitude presque totale, elle lie connaissance avec un vieil ermite du coin, ancien conteur, ancien maître d'école. (Meurt en 1899, à l'âge de 78 ans.) porte le nom de "Vieux Bertrou". (Conn. des contes et légendes de Provence).
Se lance dans l'écriture de contes ( Le Vieux Bertrou lui manque, lui et ses histoires) mais abandonne très vite. Ses histoires lui semblent peu crédibles, naïves ou sans originalité, voire insensées.
Lors de la guerre 14-18, les denrées se faisant plus rares, ou plus chères, elle arrive à maintenir son corps grâce à de nombreux effets de vie, plus que de nourriture, préférant garder ses ressources pour l'achat de livres. De plus, ses ressources ont largement diminué, par manque de clients ou tout simplement parce qu'elle offre ses potions à ceux qui n'en ont plus les moyens. Elle récupère de l'un d'eux un métier à tisser qu'elle utilise afin d'essayer de comprendre la texture de la réalité(comparaison réalité/tapisserie). C'est là dessus qu'elle se penche lorsque l'obus tombe sur la partie Est de la maison, qui s'effondre sur elle. Elle ne récupèrera que quelques livres, quelques vêtements et son métier de potier, miraculeusement intact, mais plusieurs années plus tard avant de repartir sur Paris.

L'infirmière : de 91 à 102
Corvée de ménage, accompagnement des mourants, soins, humanitaire, psychologie, Psyché, Vie.

La résistante : de 102 à 116 ans
Au début, Quittie-Ange reste tranquillement chez elle. Elle profite de l'abondance des années trente et de la capitale pour enrichir ses connaissances. Ainsi, elle reconstitue une nouvelle bibliothèque. Giraudoux, Sartre, Simone de Beauvoir, Camus, Baudelaire, Rimbaud, François Mauriac, Sigmund Freud, Aragon,... Allemand, armes à feu, explosifs, sabotages, infiltration, espionnage, conn. de la rue (de l'époque) résistance, réseaux, survie, vol organisé, attentat... vigilance et furtivité, déguisement, comédie, stratégie, commandement, intimidation, interrogatoire, conduite de véhicule motorisé (automobile, side-car)Premiers secours...


L'Ermite : de 116 à 127 ans
Survie en pleine nature. Affranchissement aux besoins naturels de vie(Vie/Entropie). Méditation(Psyché/Temps), conn. du paradoxe, approfondissement de domaines déjà évoqués, tel que l'étude de la faune et de la flore, minéralogie...

La blanchisseuse : de 127 à 128 ans
Corvées habituelles des blanchisseuses. Lavage, détachage, amidonnage, séchage, repassage, pliage etc... Un peu de lecture (Agatha Christie, Arthur Conan Doyle, Maurice Leblanc...)

L'investigatrice : de 128 à 162 ans :
Conn. des contes et légendes de France, conn. des régions, de leur populations, psychologie populaire, cinéma, sécurité, investigation, bibliothèques, recherches, visite de lieux historiques et célèbres, longue période en forêt de Paimpont, conn. du mythe Arthurien, archéologie, histoire, gaélique, littérature fantastique, conn. du monde des auteurs, rencontre avec la technomancie, survie en ville, et en rase campagne, conn. de la rue, et, plus particulièrement du milieu SDF, mendicité, bagarre, mélée, language de la rue. Vit un moment dans une communauté gitane (approfondissement de la sphère de temps/entropie avec Mama Gaëlla)conn. des contes et légendes gitans, participe à des cambriolages, apprend la danse et la musique gitane, la langue gitane, un tatouage au creux de la hanche gauche représentant une araignée, et cinq points à la racine des cheveux au niveau de la nuque. Rites gitans (pas d'éveillés véritables parmi eux, mais des adeptes certains). Se retrouve dans le début des années 80 dans milieu gothique rock, conn. des légendes urbaines, découverte de la piste de Mychelle Andréas. (Entropie/Prime)Symbolisme vestimentaire, rite et influences des couleurs, astrologie, taromancie, musique punk, mouvement anarchique, drogue, alcool...

La rêveuse : de 162 à 168 ans
En compagnie de Mychelle Andréas. Extraction du serpent d'entropie sur autrui(Vie/Entropie), approfondissement et véritable découverte de la sphère d'Esprit. topographie de l'umbra proche, première exploration du monde intérieur de la réalité, approche de réalités personnelles. Conn. du monde des mages. Conn. du monde garou. Notion du monde des ténèbres en général. Occultisme, conn. du chamanisme et de l'animisme. Conscience accrue, Émotion de la tapisserie, et déplacement d'Esprits. Fabrication de talismans. Apprend l'existence d'Ychis Sperata...

La communautaire : de 168 à nos jours (179 ans)
Passe dans un endroit connu d'elle seule dans les rocailles près de Perpignan afin de récupérer son vieux métier de potier. Artisanat, fabrication de talismans, méditation, exploration encore plus profonde du monde intérieur de la réalité, escalade, randonnées, pilotage d'avion(notions), informatique, Internet, espagnol, discussion sur les lois fondamentales de la physique, mécanique quantique, le temps, philosophie, métaphysique, astrophysique, conn. de l'histoire d'Ychis Sperata, vient voir les études de Lemon sur le noeud, participe comme elle peut (d'où les notions des sciences citées au-dessus)botanique, recherche à l'extérieur comme à l'intérieur, la pièce manquante... Quelque chose perturbe la sérénité de Quittie-Ange, la poussant toujours à aller voir sur ses pas si elle n'a pas perdu quelque chose... Du moins c'est son impression. Cependant l'effet sur elle de tels retours en arrière sont plus néfastes que bénéfiques. Elle cherche, tourne en rond, ne trouve pas...

Caractère, psychologie etc...

Quittie-Ange a un caractère toujours égal à lui-même. Souriante, aimable, conciliante, parfois enjouée comme une gamine, elle n'en cache pas moins une nature nostalgique, inquiète, parfois triste. Elle est cependant forte, volontaire, et cache habilement un manque de confiance en elle contre lequel elle lutte consciemment. Depuis le temps elle se connaît bien, connaît ses faiblesses, ne les laissent pas prendre le dessus. Elle est curieuse et aime la vie. Mais elle sait qu'une force contraire, sûrement conséquence de sa longévité, donne de l'importance à une pulsion de mort (comme dirait Freud)évidente. Bref, curieux mélange de forces contraires, elle avance dans la vie comme le funambule qu'elle est dans l'umbra. Seul l'équilibre des forces lui donne cette sérénité apparente, et chaque faiblesse peut se révéler une force dans certaines situations extrêmes, et ça aussi elle le sait, et essai d'en user dans ce sens. D'ailleurs on peut dire que jusque là, elle y est parvenu... Rappelons que ses racines, dues à son grand âge s'effilochent au fur et à mesure que les années passent, rendant cet équilibre de plus en plus précaire. D'où sa nouvelle quête. Elle se cherche, cherche son identité fondamentale, celle qui l'aidera à se débarrasser de ces racines éphémères, qui menacent aujourd'hui sa quiétude.

Sphères :

Entropie 2(Quentin, puis réveillé par les livres interdits du Chœur)
Perception de l'entropie et controle du hasard.

Esprit 3(Mychelle Andréas,)
Vue de l'Esprit/Sens de l'Esprit, Invocation d'Esprit/ Sondage de l'Umbra profonde et exploration de l'Esprit

Prime 3(Chœur + livres interdit, et bloqué à 3)
Accumulation de quintessence, alimentation de motif et canalisation de quintessence.

Psyché 2(Chœur +hôpital)
Pouvoirs personnels et impulsions mentales

Vie 4 (Chœur + livres interdits du Chœur + Vie précédente + études personnelles)
Sensation de vie, altération de motifs simples/soins personnels, altération de soi/Soin de la vie/transformation-création de motifs simples, altération de vie/transformation de soi.

Temps 1(Réminiscences Morgane, Morgane est doué du pouvoir de divination à un degré moindre que Merlin.
Quittie a-t-elle gardé un peu de cette vision de l'avenir et du passé ? 1 en Temps pourrait expliquer ses souvenirs en matière de réincarnation. )
Perception du temps.

A propos de Morgane...

Il y a une seule chose sur laquelle les descriptions s'accordent (et encore) : Morgane est plutôt brune !
Morgane avait trouvé sa taille définitive: à peine plus haute que la Dame du Lac, elle n'était pas grande et ne le serait jamais. Ses longs cheveux bruns lui tombaient jusqu'au bas des reins, et elle portait l'habituelle robe sombre des prêtresse sous une tunique de daim. Menue, délicate, il lui arrivait parfois, en exerçant son office de prêtresse, de paraître plus grande, majestueuse même.


Grande, ses longs cheveux brillants sont noirs et souvent nattés. Son regard gai et innocent, rêveur et mélancolique est devenu au fil des épreuves désenchanté et dur. Étrange, un peu halluciné comme son maître Merlin.

Il est intéressant de noter que Morgane est par essence la force de résistance au Choeur Céleste à l'époque d'Arthur.
En effet dans ma version du Monde des Ténèbres, le Chœur n'englobe que les religions monothéistes donc pas le paganisme.

C'est une héroïne des écrits païens. D'où son intégration ratée au sein du chœur, seule voie proposée à son époque au développement de ses dons... Quel étrange personnage a du être Quittie-Ange dans une école religieuse, une institution misogyne, au cœur de cette tradition que son Avatar a combattu et par laquelle il a été vaincu !
Sûrement y a t-elle mis de la bonne volonté au départ, poussée par son avatar qui voulait retrouver l'étendu de ses pouvoirs... Mais tout aussi sûrement, cela lui demanda un effort d'inhibition trop important.

Ne doutons pas que son pouvoir a été reconnu et qu'on a tenté de le contrôler, provoquant des tempêtes farouches de quintessence incontrôlée. A défaut on a du vouloir le limiter par le dogme (ce qui poussa l'Avatar à la conduire vers les livres), voir même de le détruire (en tentant de lui voler sa virginité et de violer son corps ; ce qui provoqua la colère violente de son Avatar et la mort de son agresseur !).


Elle est la prêtresse de l'Ancienne Religion, proche des Aedunas, les ancêtres des Verbenas, ce qui peut expliquer le penchant de Quittie-Ange pour la sphère Vie. C'est une guérisseuse, un devineresse (les devins sont les spécialistes de la sphère Temps) l'entropie a aussi cette tendance, le coté noirs des auspices..., une artiste complète, et une enchanteresse (les enchanteurs sont les spécialistes de la sphère psyché).
Elle est proche des fées, une affinité avec les fées fera effectivement parti de ses traits, avant que ces dernières ne quittent la Tellurie ou ne se cachent de la Banalité dans des changelins. Cette réminiscence peut la pousser naturellement vers la sphère Esprit.
C'est l'amante incestueuse d'Arthur et la gardienne de son corps inanimé sur l'île d'Avalon. C'est aussi la mère d'Yvain et de Mordred. On peut cependant remarquer qu'elle est une mère attentive et aimante, à l'image de la Terre : Généreuse et dure.
C'est enfin l'apprenti de Merlin, certainement l'un des plus grand mage !
Bien sûr Quittie-Ange n'est pas Morgane. Ses souvenirs de sa grandeur sont flous, elle ignore qu'elle a été Morgane. Elle n'a récupéré que son Avatar mais c'est un Avatar d'une rare puissance (On lui mettra 7 puces en avatar)qui doit chercher à modeler son véhicule à l'image de sa plus grande incarnation : la fée Morgane.

Morgane c'est aussi la première féministe à s'opposer à la glorification des principes masculins dans la religion chrétienne.
Morgane était proche des fées à la sexualité très présente et très libre. Elle était aussi prétresse de la Terre qui donne à l'acte sexuel une dimension spirituelle. Elle fut l'amante de nombre de personnages de l'époque, mais aucun d'eux n'a été pour elle un grand amour, et c'est probablement ce qu'elle attendait, car à chacune de leur traitrise, elle se vengeait d'eux (le val sans retour). Elle accordait une valeur sans conteste à la fidélité.
Quittie-Ange a reçu une autre éducation, très sévère, mais elle possède surement elle aussi une grande énergie sexuelle. De plus, elle a dut se sentir incomprise et blessée par le choeur qui, au lieu de la soutenir dans l'amour et le pardon que prônait leur Dieu, elle fut au contraire condamnée à être enterrée vive. Cette injustice a dut très mal passer, remettant en cause tout ce qu'elle avait appris. Sûrement a t-elle réalisé toute l'étendue des symboles de cette religion, pris au pied de la lettre, et s'est elle permis, non seulement d'en bafouer le règlement de la virginité, et d'un par défi, pour montrer qu'elle pouvait s'en sortir sans eux, qu'ils se trompaient, mais en plus parce que, pour elle la virginité passa du corps à l'âme. "Mon sexe n'est qu'une partie de chair, mon âme, elle, ne sera jamais corrompue par le stupre de la réalité à désirer des choses basses telles que l'argent, la gloire ou tout autre illusion de l'enfer."
Du coup, elle s'oblige a des principes difficiles, qu'elle est prête à suivre au péril de sa vie, plutôt que de perdre la virginité de son âme, semblable à ce que pourrait être un enfant libéré de ses pulsions. Elle s'autorise à rêver au grand amour, sans honte, l'imaginant fidèle et intemporel. Morgane avait de telles idées.

Entre Merlin et Morgane, je crois que Merlin recueillit plus qu'il n'apprit à Morgane. Elle devint son élève, sa fille, sa protégée, et même plus tard, son amante, mais leur rapports ont toujours été fait de respect, d'amitié, même s'ils durent se combattre beaucoup plus tard. Morgane garda toujours ses sentiments envers lui, et jamais ne se permit de le juger. Il avait choisit un camp elle, l'autre, leur animosité l'un envers l'autre s'arrêtait là. D'ailleurs, je pense même qu'il garda toujours un certain ascendant sur elle, le seul qui put avoir un minimum d'influence sur elle. Morgane voyait en cet homme le seul à comprendre.

Une journée ordinaire.

Huit heure zéro huit... Le radio-réveil entonne "Elle m'a dit" de Tete quand la main de Quittie-Ange, émergeant de la couette épaisse s'abat sur trois boutons d'un coup, appuyant sur le bon forcément puisque le chanteur se tait...
Quelques minutes passent avant qu'un nouveau mouvement n'informe un spectateur éventuel qu'une forme vivante se meut en dessous. Quittie-Ange repousse d'un geste sec la couette. Elle regarde quelques secondes la pièce qui l'entoure, ses murs froids et austères, sa fenêtre étroite et haute, sa table de travail surchargée de notes, sa chaise unique encombrée d'une robe de bure et de vêtements fripés, les chaussettes qui traînent sous ses barreaux, son lit de fer, son armoire en bois au style campagnard... Un instant elle se souvient du jour où il fallut la monter jusque là... Elle tend la main vers le bout de son lit, se saisit de sa robe de chambre fleurie de coquelicots et s'enroule dedans . Elle enfile ses pantoufles couleur soleil, et se lève enfin en baillant.
Le soleil illumine les carreaux d'un autre âge et répand dans la pièce sa lumière innocente du matin. Quittie-Ange respire profondément et sourit. Il fait froid. Mais le froid est vivifiant, apportant de nouvelles promesses, de nouveaux espoirs.
Elle prend sa robe de bure, s'en recouvre, rabat la capuche, et tête baissée, sort de sa cellule. Elle se dirige vers la salle de bain commune. Elle croise un membre de la confrérie qui la salut et s'éloigne. La pièce est lugubre par manque de lumière, par cette atmosphère de vieux qui se sent de partout. Les "frères" s'acquittent honnêtement de leur corvées, et l'endroit est cependant propre. Pas de miroirs au dessus des lavabos d'un seul bloc de pierre, à l'évacuation simplement faite d'un trou. Au dessus, des robinets de cuivre aux poignées cruciformes apportent l'eau, même chaude, grâce aux améliorations de Lemon. Plus loin des cabines de douches aménagées plus récemment, recouvertes de petits carreaux collés en mosaïque, oeuvre magnifique que la fondation doit à l'un de ses membres artistes, représentant la danse des sept voiles de Salomé. Les douches, elles, ont les mêmes améliorations que les lavabos : Bacs de pierres usés et polis par le temps et l'eau, rugueux et doux à la fois, robinets de cuivres et pommes d'arrosoir métallique, qu'il faut changer tous les ans car ils se bouchent à cause de la rouille qui s'y entasse... Lemon est sensée réfléchir au problème... Mais il y a de l'eau chaude, et c'est avec soulagement et gratitude que Quittie-Ange se laisse submerger par la pluie apaisante...
Après avoir ré endossé cette robe de bure qu'elle adore pour son coté ironique, Quittie-Ange sort de la salle de bain et traverse de son pas souple et feutré le grand cloître. Elle croise quelques frères qu'elle salut distraitement, la tête pleine de ses projets du jour. Il fait beau. Sonne alors la cloche de bronze de la chapelle qui appelle à la deuxième prière de la journée. Étrangement, peu de monde va dans cette direction. (Il est trop tôt pour les visiteurs et aucun "hôte" ne séjourne dans les cellules-gîtes du prieuré). Seul le mécanisme programmé de Lemon la fait sonner.
Elle ouvre son armoire et commence à s'habiller. Elle enfile un Jean'S noir usé et un sweat à capuche d'un rouge sombre , puis, assise sur son lit, ses chaussures de marche. Ainsi, après s'être dissimulée sous sa robe de bure, capuche relevée, elle s'élance vers la sortie du bâtiment. Elle fait un arrêt à l'accueil, où un vestiaire attend et gardera son déguisement, puis s'éloigne. Geo l'attend déjà au pied d'une paroi rocheuse, saucissonné dans son matériel d'alpinisme. En la voyant arriver, il lui adresse un de ses sourires crispé dont il a l'habitude, auquel elle répond d'un salut de la tête.
"- Comment ça va, ce matin ?
- Tout va bien, répond t-elle.
- Tu as faim ?" demande t-il après un court silence. Elle hoche la tête, et s'harnache.
Concentrés sur leurs prises, ils discutent peu. Geo de temps en temps sort un trait d'esprit, plus ou moins fin, dans l'intention visible de détendre l'atmosphère. Quittie-Ange, très détendue, le sourire au lèvres y répond, bon public, sans avoir remarqué la tension qu'il subit, ajoutée à l'effort pour la suivre. (Inconsciemment, utilise une routine de vie afin que ses mouvements soient le plus efficace possible,(pas d'ajout, juste une meilleure utilisation de son potentiel) s'introduit dans la texture spirituelle de la roche (Esprit)afin d'en découvrir les état d'âme et suit ses "pensées" (entropie) pour y découvrir le chemin le plus harmonieux, et donc le plus facile)
Petit déjeuner de tartines de pain encore tièdes, et confitures du potager, assis dans l'herbe rase du plateau.
"-Qu'es'tu fait aujourd'hui ? demande Geo entre deux bouchées.
- J'ai une leçon de vol tout à l'heure... Et puis je dois faire trois courses pour l'intendant...
- T'y vas dans ta coquille ?
- Ben... oui...?
- Un jour, elle va te planter ! Et t'as même pas de portable !
- Oui... Je sais... J'en ai entendu parler... ça à l'air intéressant... Je vais sûrement en prendre un, d'ici peu...
- Intéressant ! Mais tu sors de quelle planète toi ?
- Qu'est ce que tu veux dire ?" dit elle en le regardant soudain. Il ouvre la bouche et semble hésiter un instant puis : "Je veux dire que c'est devenu aussi courrant que les chiottes intérieures dans les maisons... Tu en parle comme quelque chose qui viendrait de sortir !" dit il indigné. Elle baisse la tête, puis le regarde à nouveau, malicieuse. " J'ai une très mauvaise conception du temps...
- Le temps passe bizarrement ici, c'est un peu vrai..." se radoucit il, comme on se raccroche à une bouée.
Après avoir quitté Geo, elle passe prendre quelques affaires pour une expédition dans le monde. C'est avec plaisir qu'elle descend ce chemin qu'elle connaît bien, adresse un salut au géant sympathique, et, après une marche de deux heures, arrive au "parking". Un simple carré de terre battue troué de quelques touffe d'herbe, et un abri en bois ajouré. Sous son toit rapiécé, dort une vieille jeep verte. Quittie-Ange s'assoit à son bord et tourne la clef. Rien ne se passe. Un instant, une expression de surprise, comme si la situation était devenue irréelle, se peint sur son visage. Elle reste un instant dans le doute, puis secoue la tête et réessaie. Le moteur ne répond toujours pas. Cette fois, elle descend décidée. Le doute s'est envolé. Elle ouvre le capot et commence à trifouiller dedans. Depuis les années quarante, la mécanique s'est affinée, et encore une fois, elle se réprimande de ne pas avoir suivit ces avancées... Heureusement, la jeep ne date pas d'hier, et son mécanisme n'est pas encore trop sophistiqué. Mais suffisamment pour lui cacher la cause de la panne quelques minutes de trop. (Utilisation d'entropie pour trouver la panne, en remontant le schéma mécanique de la voiture) Les mains pleines de cambouis, elle s'essuie sur un chiffon qui traîne au sol, et démarre.
La petite route serpente au bord du précipice, ombragée de hauts sapins, et Quittie-Ange se laisse aller à rêvasser. Dans deux heures, elle sera au terrain d'aviation de Marseille... Maintenant, elle est sur le fil du destin, se laissant flotter sur le courrant. Quelle folie de s'en détourner... A gauche, la paroi abrupte de la raison aveugle, à droite, le précipice de la folie... Funambule, plus que tout autre elle doit suivre le fil ténu de la route... "Merde ! J'ai raté la route !"
Le jeep s'arrêta net. Quittie-Ange fit demi-tour, et tourna à gauche. Le paysage se tassait un peu par là, la végétation devenait plus rase, parsemée, les hameaux, les villages prenant peu à peu toute l'attention du paysage, et les routes s'élargissaient. Elle rejoint l'autoroute, et vers 13 h 30, elle se décide à s'arrêter sur une aire de repos. Après avoir garé sa voiture, elle entre dans la boutique "cafétéria - magasin de souvenir - épicerie - presse ". L'ambiance la met mal à l'aise. Manquant de repères dans cette endroit fourre-tout, elle décide d'acheter un sandwich sous cellophane, et bouteille d'eau. La femme derrière la caisse ne répond pas à son bonjour, elle ne relève même pas la tête et annonce tout de go son montant. " C'est 7 euros !" Quittie-Ange se sent mal. 7 euros... C'est cher ! Elle fouille maladroitement dans sa poche de sweat, et sort un billet de dix, que la femme lui arrache, lui donnant en échange sa monnaie. Elle se sent pressée, poussée, elle s'échappe et se réfugie dans sa voiture. Elle soupire, et tout en mangeant son sandwich, elle observe les allées et venues des clients qui sortent de la boutique. Ils ressemblent à des abeilles autour d'une ruche... Plus loin le bâtiment puant de médiocrité des toilettes publiques. Elle termine son repas, et reprend la route... Vite...
Marseille ! Engourdissement des sens dans un monde de bruits, d'odeurs, de mouvements. Le klaxon des voitures, les feux, les enseignes lumineuses, les altercations entre piétons et automobilistes... Elle traverse la ville.
"- Salut, dit-elle en entrant dans le bureau d'accueil de l'école de pilotage.
- Hé ! Salut Quit' !" s'écrie Karine, la secrétaire. Quittie-Ange lui sourit. "Je ne suis pas trop en retard ?" Karine regarde sa montre dorée. "Boh... dix minutes... De toute façon le mono qui doit te prendre n'a pas finit sa leçon ! Elle regarde Quittie-Ange de ses yeux bleu-vert maquillé. Elle n'est plus toute jeune, la quarantaine. Elle est restée sur la mode des années 80. Cheveux court, balayé de toute sorte de blond, chemise en Jean'S sur un pull rose, elle n'arrive pas à être ridicule. Karine fait un mètre quatre-vingt, et tout de suite ça impressionne. Surtout qu'elle fait toute sorte de sports, offrant à sa silhouette un coté un peu masculin. "Qu'estu d'viens ? ça fait longtemps que je ne t'avais pas vue...
- A peine 15 jours ! Tu exagère...
-Oui, ben ça fait tout ça, oui... Alors ?
- Je vais peut-être me lancer dans la mécanique...
- Ah bon ? T'es sérieuse ?
- Oui. Je suis tombée en panne ce matin...
- Ah oui, d'accord... Faut dire que ton tacot, là... Pourquoi tu change pas de voiture ?
- J'aime bien celle là...
- Ouais, ben je monte pas avec toi ! Tiens, voilà Dom ! Bonne leçon !"
Comme à chaque fois qu'elle doit monter dans l'engin, elle sent son estomac se serrer. La peur est une sensation étrange. Elle est douce et piquante, et plus doux encore est la muselière que Quittie-Ange lui appose. (Psyché) Elle la sent gigoter, impuissante. Qu'il est doux de s'en sentir maître... Dom met sa ceinture alors qu'elle lance le moteur. Difficile de parler dans le bruit. Le moniteur est obligé de lui hurler ses instructions... qu'elle distingue très bien (Psyché/Vie : isoler un bruit). Et puis, comme après coup, elle prend conscience de voler. Jusque là, concentrée sur ses manœuvres, elle n'y avait pas encore prêté attention. Cet instant, cette heure de vol est à chaque fois pour elle une libération. Comme une manière d'approcher un autre monde. Libre d'aller en tout sens... Elle tire le manche vers elle... Toujours plus haut, plus libre, insaisissable... Elle redescend en piquet... Le moniteur s'est accroché de toutes ses mains, les yeux en alerte maximum, prêt à sauter sur le manche... Quittie-Ange sent sa peur. Elle redresse et effectue un grand virage, heureuse... Elle rejoint le sol, légère et enthousiaste. Plus que deux séances, et elle pourra passer l'examen de vol. Elle paye Karine en sortant. Et remonte dans sa voiture qui lui paraît bien rustique tout à coup... S'acheter une autre voiture... Bof...
Après une ou deux minutes à rêver, elle met enfin le contact et se dirige vers la zone industrielle de Marseille, et ses grandes surfaces... Elle s'arrête dans le parking gigantesque du Leclerc. Quelques arbres faméliques séparent certaines allées. L'endroit paraît immense. Elle lève la tête en passant sous le portique sur- dimensionné du centre commercial et ère quelques minute dans les grandes allées couvertes raisonnant de musique et de bruits métalliques. Soudain elle se retrouve devant l'entrée du super marché, sans l'avoir cherchée... "Le concepteur du lieu a bâti cet endroit pour que tous finissent par se retrouver là..." Elle pousse les portillons, et va d'un rayon à l'autre, un panier de plastique rouge au bras... Trouver les articles n'est pas le plus dur, c'est choisir le bon qui demande réflexion... Et ici, c'est difficile de réfléchir... Odeurs, bruits, musiques, couleurs criardes, rayons trop haut et articles en valeur... Quittie-Ange ferment les yeux une seconde... Et puis, finalement, froidement, compare poids, prix, calcule, et choisit...
Une heure après, la caissière lui demande sa carte fidélité... Quittie-Ange ouvre de grands yeux "C'est à dire que... Je ne possède pas une telle carte... " La caissière la dévisage... Pas longtemps, elle a vu de tels numéros depuis deux ans qu'elle travaille là, que celui ci ne lui paraît pas si extraordinaire... "C'est pas obligatoire. Mais ça permet de collectionner des points de fidélité qui font gagner des réductions sur certains produits, voyez ?
- Je comprends." dit Quittie-Ange. La caissière l'aide à ranger ses articles dans un sac en plastique épais qu'elle a dut acheter en plus, et elle sort le billet que l'intendant lui a donné.
Direction le parking... La sortie du supermarché n'est pas dans la même allée que l'entrée... Elle passe devant un stand vitré "Fnac - Mobil" illustré de portable autocollants. Un portable... Elle entre. Une bonne heure après, elle sort du bureau, une petite boite argentée à la main. Elle s'arrête à quelques pas de la boutique et ouvre le téléphone. Elle vérifie deux ou trois fonctions, et reprend son chemin, jusqu'à sa voiture, tout en jouant avec le portable, un sourire aux lèvres. Elle lève la tête vers le ciel, puis ayant déterminée l'heure à 17 H53 elle vérifie l'horloge de l'appareil et le range avant de reprendre la route. Elle arrive sans encombre au prieuré à 22h22, où elle enfile sa robe de bure pour rejoindre ses quartiers.
"Demain,... demain, je dois aider Lemon sur un projet botanique qu'elle a en route, commander un précis de mécanique via Internet, penser à donner mon numéro à l'intendant, et à tout le monde... Je dois aussi raccommoder mon blouson ! Il m'a manqué aujourd'hui..." (soupir) "Qui aurait put dire qu'après une aussi longue vie, j'aurais toujours autant de choses à faire !"