Reprise de flambeau

Luc marqua un temps d'arrêt.

Il était très surpris de ne trouver personne derrière la porte. Il avait pensé y trouver au moins une infirmière s'assurant de son état de santé, ou au moins qu'il ne quitte pas l'hopital avant l'arrivée de la police. Soit il avait une chance phénoménale, soit quelque chose de plus inquiétant s'était produit. Comme à chaque fois qu'il se trouvait dans une situation comme celle là, la paranoia commençait à s'installer.
Il sortit dans le couloir, toujours en pleurs, et erra dans les couloirs, bifurquant chaque fois qu'il le pouvait, traversant les services en cherchant à sortir de l'hopital par une autre issue que celle par laquelle il était arrivé.

Enfin, après avoir descendu les escaliers de service quatre à quatre, après avoir traversé un parking l'air de rien, arrivé dehors, Luc, sous le regard obscur de la caméra du parking, aperçoit une voiture de police stationnée devant la porte de l'accueil de l'hôpital...

D'ailleurs, le jeune homme réalise que des caméra... Il y en avait aussi dans les couloirs de l'hôpital, et dans les ascenseur aussi... ainsi que dans les cages d'escaliers de secours... Les policiers pourront ainsi suivre tout son trajet jusqu'au parking sans la moindre difficulté... Mais pour l'heure à part le bruit d'un ascenseur de l'autre coté du parking, aucun bruit ne se fait entendre...

Luc poussa un soupir d'agacement. La situation se compliquait, et il ne voulait pas continuer à accumuler les problèmes. Il allait falloir régler le problème avec les autorités avant de s'atteler à la mission.

Luc jeta un coup d'oeil aux alentours pour vérifier que personne ne se dirigeait vers lui, puis sortit son téléphone portable et le petit carnet noir, et composa le numéro d'Akinari Satomi

A l'autre bout du fil, une voix japonaise, féminine et quelque peu mécanique répondit à Luc. Le nom d'Akinari Satomi est prononcé, puis un biiiip aigüe retentit avant que le silence n'invite Luc à laisser un message...

Des bruits de pas précipités à l'autre bout du parking se firent alors entendre :

Une voix japonaise cria : " Larrezabal-San ! Larrezabal-San ! Vous devoir revenir !!!"

Luc fit claquer son portable, coupant la communication. Décidemment, la chance n'était pas avec lui, aujourd'hui.

Il se retourna pour faire face à celui qui l'appelait avec un soupir, et se prépara à devoir répondre à beaucoup de questions.

Le médecin déjà apperçu plus tôt apparut, essoufflé...

Le médecin dit : " - Larrezabal-San... Les police attendent de parler à vous... " dit il en entrainant Luc vers l'ascenseur...

A nouveau à l'étage, Luc put voir la chambre d'Aaron envahie de policiers en tenues blanches des pieds à la tête, avec des gants en latex et des masques. Ils étudiaient chaque millimètre de la chambre, se servant dans de grosses mallettes pleine de fioles, de sacs plastiques, d'éprouvettes, etc... Munis de pinces ils prélevaient la moindre parcelle suspecte. Des plaquettes jaunes numérotées étaient disposées deci delà...

Un homme assez large sans être gros, et plutôt petit, non recouvert de la tenue réglementaire mais à l'extérieur de la scène de crime, les cheveux gris et la bouche mâchouillant un bâton de sucette, te regarde arriver le regard sévère...

A ses coté un japonais plus grand et plus mince que lui, portant de grosses lunettes en cercles noirs attends lui aussi patiemment, légèrement en retrait...

L'inspecteur parle en japonais tandis que le deuxième traduit au fur et à mesure ses propos :

L'interprète dit : " - Monsieur Larrezabal ? Voici l'inspecteur Tukito et je suis son interprète, monsieur Tanaka. Tout d'abord, nous tenons à vous exprimer tous nos regrets pour cette terrible tragédie, soyez sûr que nous en mesurons toute l'ignominie. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir... "

Mais il est coupé par une exclamation en japonais venant de la chambre du mort. L'un des hommes ressort de la salle de bain tenant un révolver du bout d'un baton. Le révolver est mis dans une poche à pièces à conviction tandis que l'interprète continu...

L'interprète dit : " - ... pour retrouver l'assassin de votre frère. Si vous pouviez nous accorder un peu de votre temps monsieur Larrezabal, afin de répondre à quelques questions...?

Vous êtes lié de quelle manière à la victime ?"

Luc, les yeux débordants de larmes (cela commencait d'ailleurs à lui faire un mal de chien, et il commencait à ressentir un léger trouble) et le nez écarlate, commenca à expliquer d'une voix mal assurée :

-Aaron n'est pas mon frère de sang, mais nous avons été élevés par la même personne et je ne l'ai jamais vu autrement que comme mon grand-frère. Je m'appelle Béranger.

Luc se mit à fouiller fébrilement ses poches pour sortir ses propres papiers d'identité.

L'interprète traduit à l'inspecteur qui saisi les papiers de Luc, que finalement il passe à l'interprète. Il note ce que celui ci lui dit. Puis demande via l'interprète :

L'interprète dit : " - Vous lui connaissiez des ennemis, ici au japon ?"

Luc ouvre de grands yeux ronds (enfin, autant qu'il puisse les ouvrir), sors un mouchoir pour éviter les épanchements douteux qui commencent à couler de son nez et réponds en balbutiant :

-Des ennemis ? Non, non, bien sur que non. Il était un peu paranoiaque, mais personne ne lui en voulait. C'était un musicien ! Les musiciens n'ont pas d'ennemis !

L'interprète continu alors que l'inspecteur note et lui donne des instructions :

" - Et en France ? Des concurrents peut-être ?"

" - Avez vous vu les agresseurs de votre frère ?"

" - Où peut on vous trouver ? Vous ne devez pas quitter Tokyo sans nous prévenir... "

Ponctuant ses propos de gestes d'impuissance et de remplissage de mouchoirs intempestifs, Luc réponds tant bien que mal aux questions de ses interlocuteurs et leur donne l'adresse de l'hotel où il est descendu.
Sa vue de plus en plus trouble ne l'aide pas beaucoup à garder un semblant de contenance, et son malaise commence à se faire de plus en plus intense. S'il ne sors pas très vite de la chambre, c'est lui qui va se retrouver dans une chambre d'hopital. Entre deux sanglots, il demande s'il y a encore des questions.

Heureusement pour Luc, bien que l'inspecteur ait encore l'intention de lui faire cracher tout ce qu'il avait put remarquer ou qu'il savait mais ne voulait rien dire, le médecin accourut tout à coup à l'aide de son jeune patient. Il commença à s'énerver contre l'inspecteur qui lui répondit sèchement mais finalement, le médecin japonais, tenant les bras de Luc l'entraina vers une chambre vide tandis que les deux hommes s'en allaient en râlant.

Le médecin japonais dit : " - Je vous donner un tranquilisateur. Reposez vous... ça va aller ! Allons, allons... Faut pas vous mettre dans un état autant ?!"

Il se retourna et fouilla dans un chariot qu'il avait probablement fait amener ici...

Le mal de crane de Luc commencait à être tellement intense qu'il n'arrivait plus à garder les idées claires. Se reposer lui semblait une excellente idée, et le lit sur lequel il était assis lui offrait un confort plus qu'hypnotique. Il tenta de fermer doucement les yeux malgré les larmes qui continuaient à se frayer un chemin à travers ses glandes lacrymales. Il ne savait pas combien de temps l'effet allait encore durer mais le Paradoxe ne devait pas être bien méchant pour ce genre de choses.
Se reposer était décidemment une excellente idée. Le germe de l'inquiétude tenta bien de se glisser un moment dans son esprit, mais fut balayé en un instant par le vent de la fatigue.
Luc s'effondra sur le lit.

10 heures plus tard, perfusé, le crâne tambourinant, les yeux brûlants, Luc s'éveilla dans une chambre d'hôpital en tenue légère, glissé sous des draps frais et propres.

Une veilleuse éclairait la chambre qui baignait dans un grand silence. Dehors, il faisait nuit. Des bruits de pas légers passèrent devant la porte de la chambre sans s'y arrêter et le silence retomba.

Le dossier en japonais au bout du lit indiquait une poussée de fièvre en farenheit mais le reste était illisible pour le jeune homme.

Luc se redressa sur son lit, ce qui déclenchat instantanément un éclair de douleur à travers son cerveau. Grimaçant, il constata néanmoins que ses yeux ne pleuraient plus. C'était déjà ça. Il tourna la tête vers la fenêtre et regarda un instant le ciel rougeatre et papillonant du Tokyo nocturne, dont les innombrables lumières reléguaient à de vagues soupçons les étoiles. Même pour un citadin français, les lumières nocturnes de Tokyo étaient incroyables.

Bah ! Au moins, il avait gagné quelques moments de tranquillité. Il était maintenant urgent d'essayer de retrouver cette mystèrieuse personne qu'Aaron devait rencontrer, mais il pouvait encore s'accorder quelques instants de répit pour remettre la mécanique en place. Il chercha quelques instants son précieux Ipod et le trouva presque immédiatement dans le tiroir de sa table de nuit. Religieusement, il mit en place les écouteurs dans ses oreilles et sélectionna une musique de méditation aux accents indiens, la douce voix féminine psalmodiant des paroles rythmiques et apaisantes. Luc plia les genoux pour se placer en position du lotus et ferma les yeux.
Lentement, suivant un rituel longuement pratiqué, il laissa la musique épouser les rythmes de son organisme et chasser les pensées parasites. La chose ne fut néanmoins pas aisée, la douleur dans son crâne brisant une bonne partie de sa concentration. Il ne lui fallut pas moins d'une demi-heure pour parvenir à un état de calme suffisant. Enfin apaisé, Luc commenca à psalmodier lui-même des paroles incomprehensibles, dont le but était d'imprimer une vibration à tout son corps. Lentement, il laissa la voix explorer une à une toute les parties de son corps, rétablissant les parties discordantes, comme un musicien accordant avec soin son instrument. Luc avait souvent utilisé ce rituel de guérison et, malgré le fait que son mentor lui avait toujours reproché qu'il était bien trop long à mettre en place pour être réellement utile, il appréciait toujours ce moment où il faisait réellement corps avec la musique, se perdant dans l'extase lyrique.
Au bout d'un temps qui lui parut seulement quelques secondes, Luc rouvrit les yeux. Un bref coup d'oeil sur la pendule lui apprit qu'il avait passé plus de deux heures en méditation. Mais celà en valait la peine. Son mal de tête n'était plus qu'un vague souvenir, et il se sentait aussi frais et dispo qu'après une bonne nuit de sommeil. Seul restait la vive douleur de ses yeux gonflés : le paradoxe était tenace, et le lancerait encore sans doute pendant quelques jours, mais il se sentait néanmoins d'attaque pour poursuivre la mission qu'on lui avait confié.

D'un bond, il sauta au bas du lit et entrouvrit la porte de la chambre pour vérifier si la police japonaise avait laissé quelqu'un pour le surveiller.

(en espérant sincèrement que cette fois, le site ne me mange pas mon post)

[et bin non, il ne l'a pas mangé... ^^]

La porte entrouverte laissa voir les deux jambes d'un garde dont la chaise devait être adossée au mur... Une respiration lente et régulière assura Luc du bon sommeil du policier.

Luc referma la porte en pestant. Ces policiers tokyoites étaient vraiment paranoiaques. Néanmoins, il avait déjà trop trainé, il ne pouvait plus se permettre de se laisser retenir par la police. Il se dirigea vers le petit placard et passa ses vêtements. Puis, précautionneusement, il ouvrit délicatement la porte, ses chaussures à la main, pour passer silencieusement devant le vigile.

La tête penchée sur un coté, la casquette déséquilibrée, les bras croisés sur la poitrine, l'homme ne broncha pas. Telle une ombre furtive, Luc avançait à pas de loup dans l'hôpital. Il se dirigeait...

Sylvia a écrit:

Il se dirigeait...

...vers la sortie. Une fois passé le premier coin, Luc remit ses chaussures et se dirigea calmement et normalement vers le grand hall d'entrée. Il fit un petit signe de la main et un des sourires charmeurs dont il avait le secret à la standardiste et passa en sifflotant la porte principale.

Enfin dehors ! Les lumières violentes de la ville agressent les yeux, un bruit incessant révèle la vie nocturne de Tokyo, ville qui ne s'endort jamais... Des taxis passent dans les rues, des groupes de gens à moitié éméchés sortent de boite de nuit qui se font cent fois plus bruyante le temps que la porte se referment sur eux, les enseignes géantes vantent les mérites de Coca Cola en rouge et or.... Enfin dehors, et pas une étoile dans le ciel orange de la ville...

Luc respira un grand coup d'air frais aux relents de pollution et sortit le petit carnet noir d'Aaron ainsi que son téléphone portable. Il allait d'abord téléphoner au numéro d'Akinori, et si personne ne répondait, il se dirigerait vers la maison de Kazuma sensei.
En tout cas, son mentor allait passer un sale quart d'heure quand il reviendrait en France.

Le numéro d'Akinari s'ouvre sur une voix féminine et japonaise qui donne toujours le même message incompréhensible.

Quant à aller chez Kazuma Sensei, Luc a bien du mal à trouver un taxi, mais finalement, on le dépose devant une petite maison bien entretenue et traditionnelle avec son petit jardin zen entouré d'une palissade simple, mais efficace contre les regards curieux...

Un taxi s'arrête devant Luc et le conduit à travers les rues de la capitale nippone. Bientôt, les immeubles redeviennent raisonnables en hauteur et sont finalement remplacés par des séries de maisons modernes qui se ressemblent toutes plus ou moins... Finalement, le taxi s'arrête devant une maison entourée d'un jardin qui garde tous ses mystère à l'abri d'une palissade.

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(Edit pour raccorder les sujets et l'histoire, j'ai changé le dernier paragraphe...)