Retrouvailles.

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Lorsque Luna quitta la maison, habillée des affaires de son maître et grimée d'une fausse barbe, d'une écharpe et d'un bonnet, elle s'aperçut tout de suite que deux hommes étaient anormalement plantés à regarder les petits oiseaux, de l'autre coté de la route.

Alors qu'elle descendait, l'air de rien la rue de son maître jusqu'à l'arrêt du bus, l'un d'eux se mit à la suivre. Elle ne s'en serait pas rendu compte si depuis à présent quelques jours, elle ne s'était pas découvert une faculté à voir tout ce qui l'entourait sans même utiliser sa vue. (correspondance 1)

L'homme se cacha derrière un panneau publicitaire alors que la jeune femme attendait patiemment le bus. Celui ci arriva quelques instants après...

Luna avait marcher l'air de rien, mais les sens en aguet, comment se faisait-il que deux hommes la suivait alors qu'elle avait pourtant été très discrète.

*Ne fais rien qui pourrait laisser entrevoir que tu es une femme.*

Le bus arriva et Luna monta dedans d'un pas le plus lourdeau possible, consciente que l'homme était derrière le panneau publicitaire (correspondance 1) et qu'il la suivrait peut-être lui-même dans le bus. Elle jeta un oeil autour d'elle dans le véhicule....

Au moment où les portes du bus se referment, l'homme se précipite dessus comme s'il arrivait à peine. Les portes s'ouvrent pour lui et il remercie chaleureusement le conducteur. Il passe à coté de Luna en prenant bien garde de ne pas la regarder et va s'asseoir au fond, pour mieux voir les passagers monter et descendre.

Le bus s'ébranle dans un bruit de moteur, le paysage défile. Des voitures, des vélos, des gens passent anonymes, de grandes avenues couvertes de panneaux publicitaires lumineux envahissant... Enfin, le terminus... Un autre bus attends Luna pour rejoindre le quartier de Minato. La jeune fille en a encore pour une bonne heure...

L'homme lui, n'est pas descendu ou que ce soit jusque là. Pourtant le bus s'est peu à peu vidé et il ne reste personne à part l'homme et Luna. Sans hésité, il descend et s'éloigne hors de sa vue. Il tourne l'angle d'une rue...

L'arrêt du bus suivant est vide. Mais deux jeunes femmes, discutant gaiement, et un vieux couple attendent. Les horaires précisent que leur bus ne devrait plus tarder.

Luna avait discrètement observé l'homme (correspondance 1) durant le trajet, mais il n'avait rien fait de suspect, il était descendu avant Luna et était parti au pas de course.

A l'arrêt où Luna devait changer de bus, elle descendit d'un pas rapide, un peu pressée, puis constata qu'un couple et deux jeunes femmes attendaient aussi. Elle reprit aussitôt sa façon de marcher un peu masculine puis se posta à coté des gens pour attendre son prochain bus, afin de ne pas paraitre trop louche.

*Vivement que je le retrouve, j'ai hâte de le revoir!*

Plusieurs autres personnes arrivèrent et attendirent autour du vieil homme/jeune fille.

Enfin, le bus pour Minato arriva à son tour et le petit groupe s'engouffra dedans. Le voyage se passa sans encombre si on oublie un embouteillage, une voiture mal garée qui bouchait l'avenue du bus, un type en bicyclette qui se jeta presque sous les roues du bus et un retardataire qui courait derrière le bus de Minato pendant au moins cent mêtres avant que le chauffeur ne s'en aperçoive et freine pour le faire monter dans un concert de klaxons de protestations...

Des passagers montèrent, d'autres descendirent... Enfin l'arrêt de l'hôpital de Minato se présenta.

Le voyage dans le deuxième bus, se passa sans encombre pour Luna qui observait les allées et venues des passagers et des voitures à l'extérieur.

Parvenue à l'arrete pour Minato, Luna descendit du bus et sentit son coeur battre très fort dans sa poitrine, le moment tant attendu approchait, elle observa aux alentours pour vérifier que personne ne l'observait...et la possible présence d'Akinari dans les parages.

Un homme monté en même temps que Luna au départ du bus, descendit à cet arrêt derrière la jeune femme et s'éloigna rapidement...

A part lui, personne d'autre ne descendit du bus. Aux alentours, quelques voiture passaient au ralentis, averties par des panneaux demandant le calme aux alentours de l'hôpital.

Un vieil homme, accroché à un déambulateur se dirigeait vers le hall d'entrée de l'hôpital. Une mère de famille sur le trottoir d'en face, rhabillait sa petite fille, tandis que son plus grand regardait, un doigt dans le nez une ambulance sortir d'un garage.

L'endroit avait l'air totalement paisible, surtout que l'heure des visites était terminée. Là bas, un homme sortit par une entrée de service. Il sembla hésiter, alla de l'autre coté de la rue, mais finalement revint sur son premier trottoir. Il se rapprocha de Luna sans la voir, la tête baissée, les mains dans les poches. Ses cheveux étaient agrémenté d'un fin bandage ... Soudain, il leva la tête pour traverser, et Luna reconnu clairement l'homme qu'elle était venue chercher....

Luna regardait bien autour d'elle, un homme lui semblait se comporter d'une manière étrange, sans avoir vu son visage, elle sentait que c'était lui.

La jeune femme ne se laissa pas le temps d'être happée par l'émotion des retrouvailles, le retrouver vivant c'était bien certe, mais maintenant, il fallait lui faire savoir qu'elle était là, et discrètement.

*Après tout je suis déguisée ! Mais..il reconnaitre ma voix non ?*

Luna s'arranga pour se trouver en face d'Akinari quand il passerait près d'elle, elle commença à le fixer tandis qu'il approchait...tentant de lui faire passer son émotion de joie (psychée 2)...

[et là c'est mieux ? ou je met rien du tout ?]

[edit fait]

(HJ : Oui très bien, mais c'est psyché 2... Pas grave... On attend maintenant le bon vouloir d'Akinari....)

[Sylvia, c'est quoi ce bandage ? Je te rappelle que je suis complètement guéri là... Et puis quelle idée pour un fugitif de garder une telle marque distinctive ! En plus je ne pense pas que Luna soit suffisamment atteinte pour pas me reconnaître sans bandage XD]


Akinari, car c'était lui, venait d'échapper à la vigilance de ses détracteurs. Tentant du mieux qu'il le pouvait de se fondre dans le décor, il s'éloignait peu à peu du lieu d'où partiraient sans doutes les recherches. Car il ne faisait aucun doute que recherches il y aurait.
Il ne disposait que d'un maillot de corps et d'un sweet-shirt qu'il avait emporté en passant près de la laverie. Il était un peu trop grand et le gênait aux coudes, mais il devait s'en contenter en attendant. Son jean était délavé et usé jusqu'à la corde. La couleur du tout était indéfinissable.

Un vieil homme approchait alors qu'il passait de l'autre côté du trottoir. Les mains dans les poches, il continua nonchalament sa route, baissant légèrement la tête, comme perdu dans ses pensées, pour ne pas qu'il puisse se rappeler de son visage par la suite...
Au moment de traverser, il jeta un rapide coup d'oeil, s'assurant que personne alentour ne le remarquait. Mais à ce moment précis, le vieil homme en face de lui le fixa intensément. Aki sentit alors quelque chose le traverser, et malgré lui ses traits parurent se tordre pour dessiner un sourire.
Ne comprenant pas ce qui se passait, il baissa de nouveau la tête, une sensation étrange le parcourant. il passa juste à côté du vieil homme, et sans un regard pour lui. Cependant au moment de le dépasser, il murmura :

"Que me voulez-vous ?"

Il paraissait détendu de l'extérieur, mais Aki était prêt à utiliser la force s'il le fallait. En une fraction de seconde, si son corps lui répondait correctement, il pouvait attaquer ou se défendre.

Il passa près de Luna et sembla avoir capté le message de joie qu'elle lui avait envoyé. Toute contente mais se contenant tout de même, la jeune femme ralentit à son approche et Akinari en passant lui posa une question que Luna trouva étrange, n'avait-il pas reconnu ses yeux ? Elle lui répondit d'une voix parfaitement féminine et basse:

"Akinari, je suis venue te chercher."

Elle le fixa encore, le regard plein de joie et d'affection, heureuse qu'elle était de le retrouver. Elle ne se doutait absolument pas que s'il ne la reconnaissait pas, ce n'était pas à cause de son déguisement.

L'homme que Luna avait vu monter avec elle dans le bus pour Minato et qui en était descendu au terminus, tout comme elle, celui qui avait disparut dans une ruelle plus loin, réapparut entouré de deux autres hommes en costume cravate sombre.

Il se frottait les mains : Kintoki avait eut raison de l'appeler ! Le vieux Kazuma fut une aubaine. Kintoki l'avait suivit à la sortie de sa maison jusqu'à ce qu'il quitte le premier bus. Ensuite, il avait disparut en appelant d'urgence Noboru qui avait prit sa place et avait continué jusqu'à Minato.

Entre temps il avait appelé quelques uns de ses hommes et leur avait demandé de suivre le bus. A présent, Noboru se sentait fort ! Aïko et Yu étaient à ses cotés... Ils étaient restés caché quelques minutes à peine attendant que le vieux Kazuma se décide à partir de là... Mais en fait, le vieux Kazuma avait rendez vous avec le traitre !

Noboru fit signe à Aïko et à Yu. Il s'agissait d'agir en souplesse : Akinari était connu pour être aussi glissant que l'anguille. Mais le vieux Kazuma, lui, ne devait pas trop opposer de résistance !

Noboru et ses hommes s'étaient donc glisser derrière eux, alors qu'ils avaient commencé à parler. Et arrivés à quelques mêtres à peine, Yu sortit discrètement son arme et la glissa dans sa poche. Aïko l'imita tandis que Noboru essayait de les prendre à revers.

Trop occupés, les deux autres n'avaient rien vu. Yu planta alors son arme dans le dos de Kazuma et lui sussura :

Yu : " - Ne bouge pas l'ancêtre !"

Et de son coté, Aïko braqua Akinari, l'arme cachée dans son journal. Noboru se frotta les mains et un grand sourire apparut sur ses traits alors que sur le ton de la plus cordiale conversation il dit :

Noboru : " - Cher Satomi San ! Quelle joie de vous retrouver ! Je vous déconseille de faire tout geste inconsidéré... Votre vieil ami pourrait en patir !"

A nouveau il sourit d'une grimace de carnassier.

Noboru : " - A présent, suivez nous ! La voiture n'est pas loin !"

La phrase sortie des lèvres du "vieil homme" figea Akinari. Le timbre de la voix ne pouvait tromper l'auditeur proche qu'il était : cette personne n'était pas ce qu'elle voulait qu'on voie. Quelque chose dans la féminité de la voix ajouta au trouble du jeune homme. Le sentiment qu'il aurait dû savoir quelque chose l'étreint.

Puis il rencontra les yeux de la jeune fille déguisée, et il n'eut plus de doute : il ne se trouvait pas aux côtés d'un vieillard, mais d'un fille déguisée en vieillard. Et qui le connaissait. Elle l'avait appelé Akinari. Au fond de lui, il savait que c'était bel et bien son véritable nom.

Quant à savoir si elle lui voulait du bien ou pas...
Au fond de lui-même, quelque chose l'amenait à penser qu'elle était de son côté.

Il en était à ces considérations quand il remarqua, trop tard, qu'ils n'étaient plus seuls. Trois hommes avaient fait irruption et s'étaient disposés stratégiquement autour d'eux. Aki eut le temps de voir qu'ils avaient sorti leurs armes. L'un d'eux le mettait en joue derrière son journal. Un autre avait la crosse de son arme appuyée contre le dos de la jeune fille. Le troisième était le chef du trio, et ce fut lui qui parla à Akinari.

Aki se força à rester stoïque et à ouvrir grand ses oreilles : il eut bien raison, car il put acquérir de nombreuses informations. A commencer par son nom de famille : si Akinari était son prénom, Satomi devait être son nom. Et un faible écho dans son esprit lui soufflait que c'était en effet le cas.

Le vieil homme, qui en l'occurence était une jeune fille, existerait lui aussi, d'après le type louche. Car ils s'étaient laissés abuser par le déguisement, ne voyant que le dos de la jeune fille. Le vieil homme, le véritable, ferait donc partie de ses relations avant l'accident... C'était bon à savoir.

Le fait que le gugusse parle également de ne pas faire de geste inconsidéré montrait qu'il craignait bien plus une réaction d'Akinari que du soi-disant vieil homme. Il le connaissait donc, ou du moins connaissait sa réputation. Il fallait donc qu'il se montre à la hauteur de sa réputation.

Enfin, le type aux grimaces parla d'une voiture qui les attendait. Un bref instant, des bribes de paroles revinrent à l'esprit d'Aki : "... l'ont emmené dans leur Ford Falcon..."
Mais cela lui échappa, et il ne sut pas retrouver le lien qu'il pourrait y avoir avec sa situation actuelle.

Aki n'avait pas bronché depuis l'apparition des trois gars. Il savait une chose à présent : ils ne lui voulaient pas du bien, et la fille déguisée en vieil homme était aussi leur proie. Le plus probable était qu'elle était du même côté que le vieil homme, et donc possiblement avec lui. Pourtant une inconnue subsistait : qu'est-ce qui lui disait qu'elle n'était pas avec eux, afin de faciliter son emprisonnement ? Pourtant, il décida d'écarter cette solution. Quelque chose en lui clamait qu'elle était de son côté. Il n'avait rien d'autre pour le moment sur quoi parier, alors il décida de considérer cela comme un fait.

Il était clair que ces hommes ne lui voulaient pas du bien. Il sentait qu'ils ne lui déchargeaient pas leurs pétoires dessus uniquement parce qu'ils se trouvaient dans une rue, exposés à tous les regards, ou parce que lui - Aki - disposait de certains renseignements sur lesquels il voulaient avoir la mainmise.
Pourtant il voyait un lien très clair entre ces trois hommes et l'attaque du car touristique. Quoi qu'il en fut, s'il les suivait docilement, soit il était un cadavre en sursis, soit il était un cadavre tout court. Aucune des deux solutions ne lui étaient agréables.

Il devait gagner du temps, en apprendre un peu plus. Pour commencer, ne pas montrer qu'il était amnésique. Ses réactions leur paraitraient alors peut-être moins cernables.

Soudain, il vit une porte de sortie. Il sut ce qui lui restait à faire.
Aki plongea son regard dans celui du chef du trio, et laissa échapper le début d'un ricanement. Sa bouche s'incurva légèrement en un sourire sadique. Au lieu de projeter ses mots à la face de son vis-à-vis, il les lui servit sur un plateau, d'un ton plein de morgue et de dédain. A la condescendance il mêla le plaisir de voir l'impact que ses mots auraient sur les traits de l'autre, se délectant de la portée de ses paroles. En cet instant, il pouvait presque sentir le frisson d'excitation que lui procurait le fait de jouer un rôle si jouissif...

"Vraiment, je pensais que ce serait plus compliqué que ça. Ce n'est pas comme si je m'attendais à un miracle de ta part, mais je me suis dit que pour cette fois... Et pourtant non..."

Akinari prit tout son temps avant de poursuivre, une lueur étincelant au fond de ses prunelles. Il se tourna alors brusquement vers celui qui tenait le journal, et lui lança :

"Je serais toi, je rangerais ça. Un accès de nervosité et c'est si vite parti... J'ai bien peur que pas l'un d'entre nous n'y survivrait."

Aki reporta alors son attention sur celui qui n'avait pas sorti son arme...

"Il se trouve que j'en ai deux sur moi. Bien entendu, l'une est par contact, l'autre par défaut de contact. Deux fils dans chaque main. Un contact, un non-contact. Mais dans quelle main ?"

Il continua à observer la réaction des trois hommes, avant de poursuivre.

"Pratique n'est-ce pas ? Si je le souhaite, nous mourrons. Si l'un d'entre vous tire, nous mourrons."

Une nouvelle pause.

"Le choix est simple : je n'ai rien à perdre. Vous, il vous reste la vie.
Vous choisissez quoi ?"

Pause plus courte.

"Si j'étais vous, je déposerais immédiatement mon arme par terre, je lèverais mes mains au ciel, et je me reculerais sans geste brusque.
Alors ?"

Ce dernier mot, Aki le lança telle une pique.

L’espace d’un battement cil, chaque protagoniste devant la clinique jurerait avoir entraperçu du coin de l’œil, comme dans un rêve éveillé, une sombre silhouette encapuchonnée, sans visage, de l’autre coté de la rue. Un bus passe… Sur le trottoir d’en face, il n’y a qu’une mère et ses deux enfants. L’impression est fugitive et s’estompe rapidement pour tomber dans l’oubli.

Apparemment, Akinari ne se souvenait pas de Luna, la jeune femme en fut quelque peu atristée mais elle n'eut pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit, trois hommes les prirent en otage tandis qu'Aki et Luna se toisaient à la recherche d'une quelquonque réponse.

Un de ces hommes planta une arme dans le dos de la jeune fille et l'appela l'ancêtre. Luna s'empourpra sous son déguisement de colère.

*Non mais pour qui il se prend celui-là ?*

Mais elle en fit rien, elle craignait autant pour sa propre vie que pour celle d'Akinari d'autant plus que si il la prenait pour un veillard ce n'était pas si mal que ça, elle pourrait leur jouer un mauvais tour ainsi.

L'homme qui semblait être le cerveau du groupe, enfin...le chef, commença à ricaner, on sentait qu'il était sûr de sa supériorité, cependant, contrairement à ce qu'elle aurait pu attendre, Luna fut surprise de voir Akianri parler avec autant d'assurance aux malfrats.

Elle le regarda bouche bée, il avait suremnt un plan pour réagir de cette manière. Luna se tint alors prête à le suivre en cas de bagarre, en attendant, elle guetta la réaction des Yakuzas devant le discours plutôt osé de son ami.

Cependant quelque chose la troubla, l'espace d'un instant elle crut voir une silhouette étrange sur le trottoir d'en face, mais il n'y avait rien quand elle y regarda mieux, elle reporta donc son attention sur ce qui la concernait vraiment...

Noboru blémit l'espace d'un instant, mais se reprenant, il sourit... Peut-être pas très sûr de lui car il fit un pas en arrière. Et puis d'un air dédaigneux il lança à l'homme derrière Akinari :

Noboru : " - Aïko ! Fouille le !" Et il recula à nouveau d'un pas.

Aïko hésita, regarda son patron qui fit mine de râler et d'exiger qu'on lui obéisse sur le champs, tandis que le petit japonais reculait encore d'un pas.

Aïko, peu sûr de lui s'approcha d'Akinari, tout en rangeant son arme au fond de sa poche d'imper et coince son journal sous son bras gauche. Son regard exprimait une forte appréhension tandis que son patron se mettait à l'abri et il fouilla Akinari, l'obligeant à sortir les mains de ses poches.

Pendant ce temps, Yu approchait ses yeux de Kazuma, un air perplexe sur les traits. Il semblait hypnotisé par la barbe postiche de la jeune femme.

Ce n'était pas bon. Le chef de la bande jouait avec la vie de ses hommes de main comme s'il n'en avait rien à faire. Il ne savait vraiment pas à quoi s'en tenir, mais lui, Akinari, savait ce qu'il avait réellement dans les poches. Ce qui était bon à savoir, c'était qu'il était considéré comme probable qu'il cache des explosifs dans son blouson. Le chef du gang avait beau garder un certain air bravache, ce n'était qu'une couverture mise à mal par son application à mettre le plus de distance possible entre lui et Aki.

Trop absorbé par les quatre personnes autour de lui et ses propres pensées, Aki n'avait rien vu de l'apparition furtive.
Il devait vraiment agir, et vite. Aucune erreur n'était permise. Deux choix évidents s'étalaient sous son crâne qui tournait à une vitesse folle. Il n'aimait aucune des deux. Soit il se laissait bien gentiment fouiller, et attraper. Soit il ouvrait la danse en attaquant le dénommé Aïko. Celui-ci venait de ranger son arme dans sa poche d'imperméable, et roulé son journal sous son bras.

Mais d'autres solutions vinrent à toute vitesse dans l'esprit d'Aki. Il pouvait tenter de gagner du temps avec le gros bras Aïko, et il voyait très bien comment. Mais gagner du temps ne suffirait qu'à rendre les trois hommes plus méfiants s'ils se rendaient compte de ce qu'il avait à l'esprit. Il fallait quelque chose de plus. Attaquer Aïko voulait dire laisser la jeune fille en danger, avec le revolver du dernier Yakuza, le plus calme, pointé dans son dos. Il ne voulait pas lui faire courir de danger, pourtant elle serait en danger quoi qu'il fasse.

Akinari eut alors une illumination.

Sans à-coup, le jeune homme effectua une lente rotation sur sa droite, vers l'homme qui allait tenter de le fouiller. Dans le même temps sa voix s'éleva, sans attendre que l'autre soit à sa portée. Akinari se trouvait à présent un pied vers la jeune fille, un pied vers l'homme au journal, sa tête tournée vers ce dernier. Il maîtrisa son inflexion de voix, tentant de la rendre calme, teintée d'un soupçon de résignation sur la fin, et un dédain moqueur sur le début. Il insista sur le dernier mot, pour faire comprendre à la fille qu'il comptait agir, afin qu'elle se prépare.

"Ainsi tu joues les kamikazes pour l'autre froussard, Aïko. T'a-t-on jamais dit que "Aïe Caucase" sonnait comme Aïko-kaze ?
Tu as choisi ta fin, adieu. Et toi, au revoir, mon vieil ami."

Aïko ne fit pas spécialement attention au déplacement tout en douceur d'Aki (HJ : oui, là, c'est carrément plus clair !). Il suivit naturellement le jeune amnésique et porta enfin les mains sur lui.

Cependant Yu fit la grimace : Il avait bien remarqué qu'Akinari ne tenait pas sur place. Levant le nez de son actuelle occupation : La fausse barbe qui dissimulait quelqu'un qui n'était pas Kazuma, à présent il était certain qu'il y avait supercherie sans pour autant en connaître toute l'ampleur, et se colla au dos de la jeune fille tout en écartant le pan de son imper afin que la poche au révolver apparaisse sous le coude droit de Luna :

Yu : " - Ola ! Amigo ! Au lieu de nous servir des jeux de mots à deux sous, reste donc tranquille ou tu vas te retrouver par terre, bombe ou pas bombe !" souffla t-il à quelques centimètres de la joue de Luna de sa voix grave et posée.

Aïko était à présent juste derrière lui. Yu l'avait menacé encore une fois.
Mais Aki n'avait plus le choix. Il se mit en mouvement.
Il pivota du buste, repoussant Aïko d'un coup de coude afin de s'en dégager.

Avec un peu de chance, Aïko allait reculer par réflexe. S'il paniquait c'était encore mieux. Une poche d'imperméable était suffisamment étroite et rugueuse pour être une gêne s'il voulait sortir son arme dans la précipitation.
Le type dans le dos de Luna était légèrement décalé sur la droite de Luna, et cela le rendait plus accessible pour Akinari.

Aki savait comment agir dans une circonstance comme celle-là, mais s'adressa une courte prière.
** Pourvu qu'il agite bêtement son arme ! Et dans le cas contraire, faites que le revolver se détraque et que la balle ne parte pas ! **

C'était tout ce qu'il avait trouvé pour apaiser sa conscience du fait qu'il risquait la vie de la jeune fille en déguisement, aucun pincement au coeur ne devait venir l'interrompre dans ce qu'il faisait. La balle allait rester coincer dans le chargeur si l'homme tirait, c'était une certitude !

Tout cela était passé dans la tête d'Akinari à toute vitesse, l'espace d'une fraction de seconde, moins qu'il n'en fallait pour battre d'un cil. Son esprit en effervescence était à présent complètement consacré à ce qu'il faisait, rien ne pouvait le faire infléchir.

Portant tout son poids sur sa jambe droite fléchie, il se catapulta sur sa gauche, juste sur la droite de le fille, où se trouvait l'homme armé. Dans le même temps, ses mains étaient sorties de ses poches, afin que ses bras lui offrent leur aide pour garder l'équilibre. Le bras droit lancé en premier accompagnant sa rotation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, Aki arriva sur Yu.

Ce même bras, grâce à son oscillation, allait venir attraper le poignet armé de l'homme, le relevant avant qu'il ne tire. Tout le poids d'Akinari étant lancé dans sa manoeuvre, il était presque impossible au type de garder son arme immobile. Peut-être même allait-il commencer à basculer en arrière.
Alors, lorsque le bras armé serait levé et tendu, Aki frapperait de son autre main, à plat, au niveau de l'articulation, afin de briser cette dernière. Ou au minimum blesser suffisamment le bras pour qu'il soit possible à Aki de s'emparer de l'arme de l'autre.

Dans le cas où l'homme tire et remarque que son arme ne marchait pas, Aki le frapperait directement au menton, en un mouvement fluide qui ferait rentrer la pointe de ses doigts joints entre le menton et la gorge de son adversaire, en un coup qu'il voudrait alors mortel.

Dernière sécurité, Akinari se plaçait dans cette position hors de la ligne de mire du chef du groupe, au cas où celui-ci réagirait en s'emparant de son arme. Yu - dont il ne connaissait pas le nom par ailleurs - serait placé juste sur le trajet entre lui et Noboru.
De plus, la jambe droite d'Aki, qui avait pivoté autour de la gauche, se trouverait alors juste derrière celle de Yu, de telle sorte qu'il suffirait à Akinari de pousser son adversaire pour le déséquilibrer encore plus.

Une chose restait à espérer : que la jeune fille sache ce qu'elle devait faire, c'est-à-dire s'en prendre à Aïko, avec les moyens qui étaient à sa disposition. Il espérait qu'elle avait été plus prudente qu'il n'y paraissait, et disposé d'une arme cachée sous son manteau...

Mais tout ne se passa pas exactement comme Akinari l'avait prévu. En fait, les évènements s'enchainèrent très vite. En repoussant Aïko du coude, Yu réagit au quart de tour. Il tira. Mais curieusement, la prière d'Akinari fut entendue, et la balle ne partit pas. L'arme s'était enrayée.

Aïko, lui, en recevant le coup de coude, tomba à la renverse, sur les fesses. Tandis qu'on ne s'occupait plus de lui, il se mit à quattre pattes et tenta de s'enfuir.

Devant l'inefficacité de son arme, le placide Yu, poussa la fille sur le coté afin de parer le coup d'Akinari, pimenté d'une grimace de contrariété évidente.... Il avait croisé les bras autour de celui de l'amnésique afin de le maintenir. Puis, fit tourner le bras de celui ci afin de parer de la même manière le coup mortel qui arrivait. Cependant, comme l'espérait Akinari, l'arme était dorénavant hors de visée de la fille poussée un peu plus loin, ou d'Akinari. Elle visait à présent un carré de trottoir entre les deux lutteurs.

Akinari avait les bras coincés, la position que lui faisait prendre Yu inconfortable, mais Yu était bloqué aussi. S'il relachait sa prise, son adversaire retrouverait ses bras de libre...

(Que fait Luna ? Et Chang pour ce tour ?)

Luna obervait la scène d'intimidation entre les hommes, sans broncher, elle sentait que de toute façon, tôt ou tard, il faudrait qu'elle passe à l'action.

C'est quand Akinari se dégagea de l'étreinte d'Aïko que Luna tressaillit pour la première fois depuis le début, elle tendit ses muscles et allait faire de même mais elle n'eut pas le temps. Akinari c'était jeté sur Yu qui la poussa pour se battre avec lui. C'est à ce moment là que Luna trouva étrange que personne n'est reçu de balle venant du revolver de Yu. Celui-ci avait tiré pourtant...

Cependant Luna ne s'attarda pas sur la question, elle remarqua qu'Aïko tentait de s'échapper en rampant à quatre pattes, voyant que les deux hommes étaient trop occupés à se battre et n'ayant pas fait attention à Noboru, la jeune femme d'un bond sauta sur le dos du fuyard. Ce qui eut pour effet de l'applatir au sol. La première chose que Luna tenta de faire, c'est d'attraper les mains de l'homme pour pouvoir les lui tordre dans le dos. Mais la jeune femme était assez génée par son costume pour se mouvoir aisément...

Une main attrape l'arme de Yu et avec dextérité la décharge puis en brise le percuteur.

Les pièces de l'arme et les balles s'étalent sur la chaussée.

L'inconnu, vétu d'un ample manteau brun, semble être sortie de nulle part pour se glisser derrière Akinori. Son visage est dissimulée dans l'ombre d'un profond capuchon.


Il regarde dans la direction de Noboru.

Alors que Luna applatissait Aïko avec une grande dignité, ...

Aïko dit : " - Arghoumphfff "

... Et qu'elle lui attrappait une main qu'elle tordit dans son dos...

Aïko dit : " - Aïeaïeaïe... Plus taper... Je serais gentiiiiil..."

Qu'Akinari était coincé tout comme Yu dans une position désagréable, Chang apparut donc, désarma Yu et laissa tomber en pluie les différents morceaux de l'arme à terre, sous le regard totalement surpris de Yu.

Là-bas, alors que Noboru sortait un grand fusil de sous son imper devant la situation qui commençait à lui échapper, l'asiatique s'arrèta dans son geste et regarda autour de lui, cherchant visiblement un moyen de changer d'air. Autour des protagonistes, les gens commençaient à s'arréter, une femme poussa un cri en voyant la crosse que Noboru sortait, et au loin, une sirène de police retentit...

Noboru fit demi tour et s'échappa par les rues paralelles...

Les choses s'enchaînèrent à grande vitesse sous les yeux d'Akinari. Il se retrouva bloqué contre Yu, Aïko voulut fuir mais fut arrêté par la jeune femme déguisée, et immobilisé. Apparut un inconnu cagoulé, qui brisa avec une grande maîtrise le revolver qui pointait toujours au bout du bras de Yu.

La bonne nouvelle, c'était que l'adversaire d'Aki était désarmé. La mauvaise, qu'il serait impossible de lui "emprunter" son arme par la suite.
L'étrange inconnu l'avait aidé, il devenait donc jusqu'à nouvel ordre un allié providentiel. Du moins, jusqu'à ce que les choses se soient calmées.

Noboru constituait cependant encore une menace. Il commença à sortir de sa veste le canon d'un fusil, mais sa résolution mourrut lorsqu'une passante ameuta le quartier. Le chef du trio tourna les talons et entreprit de fuir. La sirène d'une voiture de police résonna dans le lointain.

Il fallait faire vite, et en profiter. Laissant l'inconnu prendre seul la décision de s'il fallait poursuivre ou non Noboru, Akinari se concentra sur Yu, et dans le même temps lança à la jeune femme :

"Mon amie, prends l'arme d'Aïko !"

Elle devait avoir remarqué que le pistoler se trouvait dans la poche du blouson de l'homme à terre.
Et alors qu'il finissait sa phrase, Aki repoussa brutalement Yu de ses bras croisés. Profitant du fait que sa jambe soit derrière celle de son adversaire, il tenta de le faire chuter. Et dans le pire des cas, il serait à une meilleure distance pour un combat à mains nues.
Le jeune homme préférait rester à distance respectueuse de ses adversaires, et ne jamais prolonger les contacts et risquer comme ici de s'empêtrer dans des positions fâcheuses. Seul le fait que yu ait été armé l'avait poussé à maintenir la proximité. Mais la donne avait changé.